Presse
 
Article paru dans La Liberté de l'Est le 24 octobre 2007 : cliquer ici

Article paru dans La Liberté de l'Est le 17 novembre 2005 : cliquer ici
 
Historique
 
Les lignes qui suivent sont destinées à ceux et celles qui prennent les notules en cours de route et qui aimeraient en savoir plus sur la cuisine qui préside à leur élaboration. Elles sont tirées d'un entretien accordé à David Chapelle, journaliste à "La Dépêche" (Eure) et ont paru dans l'édition du 8 au 14 janvier 2004 de cet hebdomadaire.

- Qu'est-ce que c'est que cette manie de tout noter?

- C'est une habitude que j'ai prise assez tôt. Dès mon adolescence, je me suis entouré de carnets, de cahiers, de répertoires, de fichiers. Je ne pouvais pas regarder un film sans chercher la filmographie complète de chacun des acteurs, suivre une étape du Tour de France sans connaître le palmarès de chaque coureur. C'est pour cela que ma découverte de Georges Perec fut déterminante : j'ai retrouvé chez lui ma manie des listes, des inventaires,
des catalogues, des énumérations...

- Avant de vous lancer dans la rédaction de vos notules vous avez effectué quelques tentatives étonnantes comme l'inventaire des aliments solides et liquides que vous avez avalés au cours de l'année 1997 ou encore l'inventaire des lieux, faits, objets et personnes ayant occupé votre année 1996. Comment ces idées vous sont venues?

- J'ai commencé par écrire des inventaires parce que je voulais écrire et que je n'avais pas l'imagination ou le souffle d'écrire de la fiction, un roman. Il me fallait de plus quelque chose qui me tienne en éveil assez longtemps, une année me semblait une durée convenable. L'inventaire 1996 est original, celui de 1997 ne l'est pas car Perec avait déjà fait une
"Tentative d'inventaires des aliments liquides et solides que j'ai ingurgités au cours
de l'année mil neuf cent soixante-quatorze".

- Quels enseignements tirez-vous de ces tentatives?

- La confirmation du fait que toute expérience, même la plus infime, peut devenir littérature. La satisfaction de boucler un travail, d'arriver à quelque chose de fini.

- Qu'en pensent votre femme, vos amis, vos lecteurs?

- Les personnes qui ont accepté de lire ces textes sont des proches, donc leur regard est amical et bienveillant. Ma femme joue un rôle différent puisqu'elle est aux premières loges. Son concours m'est précieux, par exemple pour l'inventaire de l'année 1998 qui consistait à noter tous les noms de rues que j'empruntais. C'est elle qui déchiffrait les plaques de rue
ou les notait si c'est moi qui étais au volant. C'est aussi ma famille qui parcourt avec moi le département des Vosges en tous sens pour un texte en cours, l' "Inventaire Patriotique Départemental" qui consiste à trouver, à photographier et à écrire sur tous les monuments aux morts du département dans l'ordre alphabétique des communes.

- Après ces tentatives, vous vous êtes lancé dans la rédaction de notules. Quelle est votre définition du notulographe?

- Les notules sont nées incidemment, d'abord pour un seul correspondant. Quand j'ai découvert le courrier électronique, j'ai pris l'habitude d'envoyer à un ami quelques mots sur les livres et les films que je venais de lire ou voir. Cet envoi est devenu régulier, dominical, et je l'ai proposé à d'autres connaissances. Petit à petit, de bouche à oreille, il y a eu un effet boule de neige.

- Comment procédez-vous pour travailler?

- Comme je l'ai dit, j'ai toujours tout noté. Chaque jour, je lis "Le Monde", chaque soir, je note que j'ai lu "Le Monde". Je tiens un cahier de notes de lecture depuis 1978, un cahier de notes cinématographiques depuis quelques années seulement, un journal depuis une vingtaine d'années. Je complète celui-ci chaque jour, les autres à l'issue de chaque lecture ou de chaque film vu. Le dimanche matin, je prends mes trois cahiers, je recopie, je coupe, je modifie, je mets en forme. Ce qui me prend entre deux et quatre heures.

- Pourquoi publier vos notes sur Internet?

- L'initiative ne vient pas de moi. Au début, je le répète, les notules n'atteignaient qu'un cercle restreint d'amis par courrier électronique. L'un d'eux, Yves Lambert, plus habile que moi dans la chose informatique, m'a proposé de créer un site. C'est lui qui met les notules en ligne chaque semaine et qui s'est chargé de référencer le site sur les principaux moteurs de recherche. A partir de là, le cercle s'est élargi, des gens sont tombés sur le site par hasard ou à la suite d'une recherche et se sont abonnés.
Aujourd'hui, le site reçoit une cinquantaine de visites par semaine, les notules sont envoyées à environ 70 abonnés, des amis, des inconnus et, ce qui me flatte et me terrifie en même temps, des gens dont je vois parfois le nom sur des couvertures de livres, dans des revues ou des magazines.
(Mise à jour : une centaine de visites par semaine et 150 abonnés fin 2005)

- Quels intérêts peut y trouver l'internaute?

- Ça, c'est un mystère, une source continuelle d'étonnement. Parce que c'est tout de même une entreprise très narcissique. Que des proches s'intéressent aux petits faits de ma vie, c'est dans l'ordre des choses. Que je parvienne à intéresser des lecteurs inconnus, c'est plus surprenant. Parce que, qu'est-ce que je fais ? La journée, je lis et j'écris, le soir, je regarde des films, le reste du temps j'ai une vie familiale paisible et une vie professionnelle sans relief. C'est peut-être la manière de raconter qui donne de l'intérêt, je ne sais pas, il faudrait poser la question aux internautes eux-mêmes.