Notules
dominicales de culture domestique n°111 - 1er juin 2003
DIMANCHE.
Obituaire. "Je me souviens de
Jean Yanne à R.T.L. et de ses inoubliables calembours : Tire ailleurs,
c'est mes galets !, Ce sont d'avides et bêtes abbés !, Neuf
acteurs sonnent toujours deux fois !, L'abbé irrité sort
de la douche des enfants ! etc." (Georges Perec, Je me souviens,
Jms n° 449).
Pour ma part, je me souviens de Jean Yanne, seul à la terrasse
du Grand Cluny, au coin du boulevard Saint-Germain et de la rue Saint-Jacques,
un matin de juin 2000. Sur sa table, un café et un téléphone
portable. Vu son air avenant, je n'aurais pas aimé être celui
qui interromprait la dégustation du premier en faisant sonner le
second.
TV. The Sopranos (saison 3,
épisodes 1 et 2; diffusés ce même jour sur Jimmy).
Je m'y perds dans la chronologie des Sopranos. En fait, je croyais avoir
déjà vu la troisième saison sur Jimmy, saison que
France 2 avait commencé à rediffuser avant de s'interrompre
brutalement, montrant une fois encore l'immense respect du service public
pour le public. En fait, je n'avais jamais vu ces deux épisodes,
ce qui est plutôt une bonne surprise. Le premier montre le FBI en
train de poser des micros dans la maison de Tony, le second raconte la
mort de la mère de Tony, une vieille carne dont personne n'ose
dire du mal.
LUNDI.
Lecture. H4Blues (Jean-Bernard
Pouy; Gallimard, coll. Série Noire n° 2680, 2003).
Incipit : "C'est ce qu'on appelle une véritable série
noire." Par cette phrase, Pouy ne souhaite pas seulement évoquer
la succession d'ennuis qui s'abattent sur son héros. Il annonce
la couleur, catégorise son roman (si je parlais le Magné
couramment, je dirais que c'est une phrase qui tient du métatextuel
dénotatif) et sa phrase signifie également "C'est ce
qu'on appelle une véritable Série Noire" à l'ancienne.
Les références sont convoquées une douzaine de pages
plus loin : "Elle s'est mise à rigoler, elle était
plus que saoule, imbibée à fond. Marlowe l'aurait embrassée,
prise par le coude, et balancée tout habillée dans une baignoire
d'eau glacée."
Un type ordinaire, Nicolas (enfin, ordinaire, il a une jambe de bois tout
de même) se rend à l'enterrement d'un ami. La veuve trouve
le décès suspect et Nicolas accepte de mener une enquête.
En amateur, bien sûr, ce qui ne va pas l'empêcher de faire
des découvertes, de voir son appartement exploser, de vivre une
courte aventure sentimentale avec une junkie, etc. Pouy réalise
un exercice de style jubilatoire, fait de son accumulation de poncifs
une véritable récréation. Son héros replonge
dans son passé et évoque ses souvenirs du lycée Henri-IV
(le H4 du titre), là où se trouve la clé d'une
intrigue bien menée, jamais lassante.
Extrait. "J'ai avalé fissa le reste de ma bière et
j'ai cherché un tacot pour Saint-Thomas d'Aquin. C'était
dimanche, ça roulait fluide, le chauffeur, africain, conduisait
comme s'il était sur une piste encombrée de camions militaires
à l'arrêt. Du coup, je suis arrivé devant l'église
jésuitique du septième arrondissement presque en avance,
alors que les premiers pleureurs entraient. Protégé derrière
une voiture garée sur la petite place, j'ai pu détailler
tous ceux qui venaient honorer la mémoire d'Yves Palland. Beaucoup
de visages inconnus. Des couples dans la soixantaine. Normal. J'ai reconnu
Maurice Rheims au bras d'une jolie blonde. Normal. Et puis, j'ai vu des
têtes qui me disaient quelque chose. Des types qui avaient quarante
balais de plus qu'au temps où je les bousculais pour entrer dans
une classe. De temps en temps, un patronyme, plus ou moins contrôlé,
s'imposait tout seul. Kreusen. Serge Kreusen, un cador en histoire, il
avait fait un exposé sur la révolution d'Octobre qui aurait
troué le cul à pas mal d'historiens aujourd'hui officiels.
Giscard... Non, Gisclard. Notre préposé à Signé
Furax. Comme il était externe, à midi, il rentrait chez
lui et revenait, vers deux heures, dix minutes avant le début des
cours, pour nous raconter la suite des aventures radiophoniques de notre
héros favori et de la merveilleuse Malvina. Comédien né,
il faisait tous les rôles, nous étions pliés, même
si nous le soupçonnions d'inventer des péripéties
inédites très éloignées de l'esprit pourtant
ravagé de Pierre Dac et Francis Blanche."
Courrier. B. a repris ses rondes autour
de l'hôpital de Montpellier.
TV. Bêtes de scène
(Best in Show, Christopher Guest, USA, 2000 avec Parker Posey,
Michael Hitchcock, Catherine O'Hara; diffusé sur Canal + en mai
2003).
L'astuce consiste à prendre un groupe humain qui partage la même
passion - ici un attachement presque maladif aux animaux domestiques -
et de le traiter à la manière d'un documentaire sérieux
propre à révéler l'absurdité de leur comportement.
On appelle ça un mockumentary. Si la chose est traitée
avec suffisamment de subtilité, si la charge est rude sans être
lourde, ça peut être très drôle et très
instructif. C'est le cas ici où Val Guest nous présente
un échantillon de cynophiles déroutants, d'abord dans une
série d'interviews, face à la caméra, puis rassemblés
à l'occasion d'un concours à Philadelphie. Avec des comédiens
peu connus, Guest fait des merveilles, révèle une face d'humanité
absurde et parfois effrayante.
MARDI.
TV. Travelling avant (Jean-Charles
Tacchella, France, 1987 avec Thierry Frémont, Ann-Gisel Glass,
Simon de la Brosse, Sophie Minet, Laurence Côte; diffusé
sur La 5° en octobre 1999).
1948, Paris. Nino et Donald, cinéphiles passionnés, rêvent
de monter un ciné-club.
Jean-Charles Tacchella raconte dans ce film largement autobiographique
son passé de jeune cinéphile qui est celui de toute une
génération, celle des macmahoniens, des futurs réalisateurs
de la Nouvelle Vague, éblouis par l'arrivée en France des
films de Welles, Lang, Sturges et consorts. Il mêle expérience
cinématographique et intrigue amoureuse, cite abondamment acteurs,
réalisateurs et films, nommément ou cinématographiquement.
C'est toujours sincère, parfois touchant mais ça manque
terriblement de fantaisie. Ces jeunes gens passionnés manquent
par trop d'humour et l'impression finale est celle d'un film sentencieux
et longuet.
Cinéphile, Tacchella devint donc cinéaste puis président
(contesté) de la Cinémathèque.
MERCREDI.
Emplettes. J'achète un Pelecanos,
un David McNeil à offrir, une chemisette et me vois remettre l'album
de la Pléiade consacré à Simenon.
Cinéma. Les Côtelettes
(Bertrand Blier, France, 2003 avec Michel Bouquet, Philippe Noiret, Farida
Rahouadj, Catherine Hiegel).
Quand on va voir un film de Blier, on sait qu'on va mettre les pieds dans
un monde qui, s'il a cessé de surprendre, n'est tout de même
pas commun. Il adapte ici sa propre pièce de théâtre
qui s'ouvre sur un long dialogue entre deux hommes âgés.
L'un est venu chez l'autre "pour [le] faire chier", mission
dans laquelle il réussit à merveille. Placer des répliques
à la limite de l'absurde dans la bouche de deux comédiens
de grande classe qui savourent les gros mots qu'ils prononcent comme des
bonbons, c'est ce que Blier sait faire de mieux depuis Buffet froid.
Ça rend la première partie du film agréable, presque
réussie. Ça se gâte quand intervient un troisième
personnage, une femme de ménage algérienne que se partagent
les deux hommes et qui est prétexte à une réflexion
sur l'échelle sociale et l'amour au troisième âge.
Et ça sombre totalement quand débarque la Mort, sous les
traits de Catherine Hiegel, venue faire son marché. Blier poursuit
sa voie, continue à faire ses films comme il l'entend et c'est
tant mieux. L'impression qui ressort de ses Côtelettes -
en sélection officielle à Cannes... - est qu'on n'est pas
loin d'avoir affaire à un vieux radoteur qui n'intéressera
bientôt plus personne.
JEUDI.
Longo. Ça y est, Lucie sait
faire du vélo à deux roues.
Cinéma. L'ultime razzia
(The Killing, Stanley Kubrick, USA, 1956 avec Sterling Hayden,
Coleen Gray, Elisha Cook Jr., Ted de Corsia, Joe Sawyer, Marie Windsor;
présenté dans le cadre du cycle "Reflets sur le cinéma
noir").
Il y a des soirs où c'est une vraie bénédiction d'être
cinéphile dans une ville qui l'est peu. D'abord, on a de la place
pour s'ébattre - nous étions deux dans la salle, comme la
semaine dernière pour Blue Velvet. Et puis quand on a la
chance de tomber sur ce petit joyau qu'est le troisième long métrage
de Kubrick, c'est un bonheur parfait. A l'origine, il y a un roman de
Lionel White, Série Noire n° 282, paru en 1955 sous le titre
Clean Break (En mangeant de l'herbe en version française)
que le film a également porté. White aime raconter des coups
minutieusement montés (Un coup fumant est un autre de ses
livres) qu'un grain de sable inattendu vient perturber. C'est sur un champ
de courses qu'opère ici un gang composé d'un caissier et
d'un barman qui travaillent sur place, un repris de justice, un comptable
et un policier véreux, pour s'emparer de la recette du jour. Des
hommes sans grande envergure dont les modestes talents, une fois combinés,
s'avèrent efficaces. Les dialogues sont dus à un autre pilier
de la littérature noire, Jim Thompson, dont on reconnaît
la patte, principalement dans un échange où le caissier
se fait humilier par sa femme. Là-dessus, Kubrick n'a qu'à
plaquer une mise en scène intelligente et efficace construite sur
un incessant va-et-vient dû à plusieurs retours en arrière
successifs.
En comparaison, Ocean's Eleven de Soderbergh qui fonctionne sur
le même schéma apparaît d'une boursouflure incongrue.
En revanche, on s'aperçoit que The Barber des frères Coen,
par son économie de moyens et son efficacité narrative,
est une belle prolongation de l'œuvre de Kubrick.
Lecture. Le chien jaune (Georges
Simenon, 1931; Éditions Rencontre 1967, Œuvre complètes
Maigret II).
"Concarneau. J'y avais été une fois, en août.
Visiter la Ville Close en pleines vacances, c'était comme tenter
de traverser les Galeries Farfouilettes le premier jour des soldes. Mais
je ne connaissais personne à Concarneau. Même pas un chien
jaune." Jean-Bernard Pouy, H4Blues.
C'est ce passage sibyllin en apparence qui m'a donné envie de refaire
un tour chez Simenon. Voyage d'actualité, puisque Simenon est partout,
à Paris, à Liège, dans Le Magazine littéraire,
dans Le Monde des livres, dans la Pléiade, et aussi parce
que c'est quand même sous la pipe de Maigret que je me suis fait
dépouiller.
Maigret mène ici sa sixième enquête (je les lis dans
l'ordre, j'ai déjà assez de mal à me dépêtrer
dans les trois saisons des Sopranos, j'imagine ce que ça pourrait
donner dans les cent et quelques aventures de Maigret). Il a été
détaché à la Brigade mobile de Rennes et enquête
sur une tentative de meurtre qui met en cause des notables de Concarneau.
Si Pouy parle d'un Concarneau envahi de touristes, ce n'est pas grâce
à Simenon et le syndicat d'initiatives local n'est pas près
d'élever une statue à l'effigie de Maigret. Le climat, qu'on
le considère d'un point de vue météorologique ou
social, y est particulièrement malsain. Fidèle à
sa méthode, Maigret, transplanté dans ce navrant décor,
ne fait pas grand-chose de spectaculaire : il observe, il s'imprègne,
dénoue les fils de l'intrigue et sauve un pauvre bougre d'une situation
tragique, comme dans son enquête précédente, La
Tête d'un homme.
Je ne passerais pas des mois à lire du Simenon en continu mais
il est intéressant de voir comment se bâtit, petit à
petit, une œuvre avec une grande économie de moyens, et un personnage
dont l'humanisme se dévoile imperceptiblement.
A noter que le roman n' a attendu qu'un an avant d'être adapté
au cinéma par Jean Tarride.
Exploit sportif. Le Stade Athlétique
Spinalien, section football, monte en CFA 2 après 5 saisons passées
en Division d'Honneur.
VENDREDI.
TV. Le Stade de Wimbledon (Mathieu
Amalric, France, 2000 avec Jeanne Balibar, Esther Gorintin, Anna Prucnal).
Une jeune femme arrive à Trieste. Elle recherche les personnes
qu'ont fréquentées un intellectuel, ami d'écrivains
qui n'a jamais écrit.
Je n'ai absolument rien compris au but et au propos d'Amalric, qui adapte
le roman d'un certain Daniele Del Giudice. C'est dommage, je trouvais
que le tirage au sort qui régit mes choix de films avait été
pour une fois pertinent en proposant Le Stade de Wimbledon en plein
tournoi de Roland-Garros. Il reste le plaisir de voir les rues de Trieste
que j'arpenterais bien à la poursuite des fantômes de Joyce
et de Svevo et l'occasion de revoir Esther Gorintin qui entame, à
un âge canonique, une carrière d'actrice après sa
découverte dans Voyages d'Emmanuel Finkiel.
SAMEDI.
Élémentaire. Je gonfle
la piscine pour les filles, la mets en eau, prépare un barbecue
et repique tomates, poivrons et aubergines. L'air, l'eau, le feu, la terre.
Un vrai Robinson.
Vie sociale. Nous confions les filles
à des soins tarifés et rejoignons une poignée de
collègues à Ludres chez les G. Nous réussissons à
ne pas trop parler boulot et à ne pas dire du mal des absents (ce
qui permet d'aller aux toilettes sans appréhension) et levons le
camp avant que la bouteille de poire ne soit plus qu'un souvenir. Je retiens
l'idée pataphysiquement intéressante de R. qui s'apprête
à visiter les communes vosgiennes dont le nom contient un x et
qui sont étonnamment nombreuses (Xoulces, Xaffévillers,
Xertigny, Uxegney, Xonrupt, Bouxurulles, Vaubexy, Xaronval, Ubexy, les
villages du Xaintois...). Plus qu'ailleurs ? Idée d'étude
statistique.
Bon dimanche.
Notules
dominicales de culture domestique n°112 - 8 juin 2003
DIMANCHE.
Fleurissement. Nous passons l'après-midi
à empoter diverses plantes (impatiens, sauge, géraniums,
oeillets), les filles à patauger. A la fin de la journée,
tout le monde est crevé, y compris la piscine.
Lecture. Cartes postales et autres
textes, précédés d'une conversation entre Léon-Paul
Fargue et Valery Larbaud (Henry J.-M. Levet, La Maison des Amis des
Livres, 1925; rééd. Poésie/Gallimard, 2001, Édition
de Bernard Delvaille).
Depuis qu'elle a été rénovée et placée
sous la direction d'André Velter, la collection Poésie/Gallimard
est devenue une vraie collection savante. Qu'on en juge ici : les poèmes
de Levet occupent 40 pages d'un volume qui en compte 165, le reste étant
consacré à une courte et intelligente présentation
de Bernard Delvaille, une conversation entre Fargue et Larbaud déjà
présente dans l'édition originale dont ils étaient
les instigateurs, des variantes, des inédits, des critiques, des
témoignages de contemporains de Levet : la Pléiade en modèle
réduit !
Dans un essai paru dernièrement, Dominique de Villepin, actuel
ministre des Affaires étrangères, revient sur les liens
parfois étroits qui ont uni le Quai-d'Orsay et la poésie,
à travers des diplomates-poètes comme Claudel, Saint-John
Perse, Berthelot, Morand. Je ne sais s'il y parle de Levet, mais celui-ci
appartient lui aussi au monde de la "poésie consulaire".
Né en 1874, il fut chargé de mission en Inde et en Indochine
par le ministre de l'Instruction Publique, puis vice-consul à Manille,
à Las Palmas et donna au retour de chacun de ses voyages quelques
poèmes à des revues parisiennes avant de mourir à
l'âge de 32 ans.
Les premiers poèmes, d'inspiration verlaino-mallarméenne
sont d'un intérêt moindre à mon goût que ses
Cartes postales où il convoque à la fois Rimbaud et l'exotisme
de la malle des Indes. Paquebots, maharadjahs, officiers coloniaux, diplomates
alanguis et spleen anglo-saxon peuplent des alexandrins disloqués
et proprement renversants :
"L'Armand-Béhic (des Messageries Maritimes)
File quatorze noeuds sur l'Océan Indien..."
ou
"Les bureaux ferment à quatre heures à Calcutta;
Dans le park du palais s'émeut le tennis ground...
(...)
A Lahore par 120 degrés Fahrenheit
Les docteurs Grant et Perry font un match de cricket, -
Les railways rampent dans la jungle ensoleillée..."
On traque l'hémistiche, on s'étonne de la césure,
de l'audace des rimes (ulcères/janissaires; émeraudes/Cléo
de Mérode !), on s'émerveille devant cette poésie
vraiment novatrice, unique.
Extrait. "ÉGYPTE. - PORT-SAÏD. - EN RADE
A Gabriel Fabre.
On regarde briller les feux de Port-Saïd,
Comme les Juifs regardaient la Terre Promise;
Car on ne peut débarquer; c'est interdit
- Paraît-il - par la Convention de Venise
A ceux du pavillon jaune de quarantaine.
On n'ira pas à terre calmer ses sens inquiets
Ni faire provision de photos obscènes
Et de cet excellent tabac de Latakieh...
Poète, on eût aimé, pendant la courte escale,
Fouler une heure ou deux le sol des Pharaons,
Au lieu d'écouter miss Florence Marshall
Chanter "The Belle of New York" au salon."
LUNDI.
Courriel. Une demande d'abonnement
aux notules.
Y. envoie un aptonyme (un Le Borgne opticien à Sallanches).
TV. The Sopranos (saison 3,
épisode 3; diffusé sur Canal Jimmy le 1° juin 2003).
Depuis un moment, Tony Soprano suit une psychothérapie. Il remonte
dans ses souvenirs, on le voit enfant dans une sorte de révélation
proustienne où la madeleine est remplacée par un rosbif.
Sa thérapeute lui parle d'ailleurs de Proust. Réaction de
Tony : "This sounds very gay..."
MARDI.
Classé X. La toponymie en x
des communes vosgiennes suscite des réactions. Y. donne les explications
étymologiques (proximité du ch germanique) et A.Z. les données
statistiques (une fréquence de 12,08 % dans le département
contre 6,12 % dans le reste du pays).
Courrier. Une carte postale de F.,
de passage en Roumanie.
Vie professionnelle. Je participe,
au Conseil Général, au comité de pilotage de l'opération
Collège au cinéma.
TV. The Sopranos (saison 3, épisode
4; diffusé sur Canal Jimmy le 1° juin 2003).
La psy de Tony ("shrink", en anglais, j'apprends) est victime
d'un viol. Désir de vengeance. Si elle l'apprend à Tony,
le violeur est bon pour être dépecé. Le fera-t-elle
?
Lecture. Dictionnaire des mots
qu'il y a que moi qui les connais (Jean Yanne, Plon, 2000).
Néologismes.
Il y a quatre parties dans les articles du dictionnaire de Jean Yanne.
1. Le mot, imaginaire bien sûr, qui ne fait pas appel à une
étymologie fantaisiste mais qui est choisi pour ses sonorités,
parfois voisines d'un terme leste (les cougnes, l'ofion).
2. La définition.
3. Un exemple.
4. L'ouvrage dont est tiré l'exemple.
La définition a peu de saveur en soi, à part pour quelques
cas. Par exemple : KETCHUPIENS : Nom donné aux nouveaux gardes
du Vatican, afin de moderniser le personnel et remplacer les moutardiers
du pape. C'est la citation qui, le plus souvent, lui donne du sel : DISTICOLE
: En pâtisserie, qui sépare les blancs des jaunes. Par extension,
qui permet de distinguer ces deux couleurs. "La guerre du Tonkin
fut disticole." Les titres d'ouvrages fantaisistes donnent lieu à
quelques trouvailles amusantes : "Lettre du père de Foucauld
à la mère de Foucauld", "Dr Alain Bombard, Qu'on
est bien avec les pieds dans l'eau".
Étalé sur 240 pages, l'exercice lasse vite, Jean Yanne,
comme il l'a fait dans d'autres domaines, se laissant souvent aller à
la facilité. On arrive à un résultat qui tient plus
de l'humour des "Grosses têtes" que d'autre chose. Dans
le lot, on trouve tout de même quelques perles. Ma préférée
(dois-je en être fier ?) : WOOGLOO : Pâte épaisse d'origine
africaine utilisée pour faire des pâtisseries longues et
minces recouvertes de chocolat.
"Le serveur noir tendit le plateau de woogloos.
-Ah, des woogloos, dit le nonce apostolique en saisissant une pâtisserie.
-Ah, non, dit le serveur noir avec un grand sourire, ça, c'est
mon doigt !"
"Réceptions, noces, banquets en Afrique", brochure éditée
par le Ministère des Affaires étrangères.
MERCREDI.
Vie sociale. Visite de H., dont le
visage reprend peu à peu son aspect d'antan, opération après
opération.
Cinéma. Le Bison (et sa
voisine Dorine) (Isabelle Nanty, France, 2003 avec Isabelle Nanty,
Édouard Baer, Jules-Angelo Bigarnet, Tilly Mandelbrot, Nicolas
Marais, Marie Martin).
Dorine, concierge dans un immeuble parisien, est abandonnée par
son mari alors qu'elle attend son cinquième enfant. Louis Le Bison,
un dandy de l'immeuble avec qui elle n'a aucun atome crochu, finit par
lui venir en aide.
La parcelle de notoriété acquise par Isabelle Nanty dans
Amélie Poulain lui a permis de gagner la confiance de Claude
Berri producteur et de se mettre en scène. Elle fait étalage
d'un comique fondé sur des mimiques qu'on n'avait plus vues chez
une comédienne depuis peut-être Annette Poivre. Face à
elle, Baer joue sur son registre ironique détaché, comme
s'il attendait que ça finisse avant de passer à des choses
plus intéressantes. On le comprend. C'est un film gentil, bien
intentionné mais sans relief. Un gag par heure, des enfants qui
sont là pour faire des mots d'enfants, des seconds rôles
mal joués, on est loin du conte de fées moderne visé.
JEUDI.
Courrier. Revue de presse à
destination de Y. et de l'AGP.
TV. La Maison du Maltais (Pierre
Chenal, France, 1938, avec Viviane Romance, Marcel Dalio, Louis Jouvet,
Pierre Renoir, Fréhel, Aimos, Gina Manès; diffusé
sur CinéClassics en ?).
Safia, une prostituée de Sfax, attend un enfant d'un vagabond poète,
Mattéo le Maltais, qui tarde à revenir d'une opération
de contrebande. Safia s'embarque pour la France avec un bourgeois qu'elle
épouse. Mattéo arrive à Paris et la recherche.
Le film vaut surtout pour sa première partie où la ville
de Sfax est reconstituée en studio avec les décors de Wakhevitch.
On est alors dans la tradition du film colonial français, dans
la lignée de Pépé le Moko, avec une galerie de personnages
brûlés par le soleil, la maladie, les rêves déçus.
Le volet parisien de l'histoire est plus convenu avec la fille des rues
qui, ayant atteint la respectabilité, est rattrapée par
son passé et son amour.
Curiosité. Louis Jouvet apparaît dans un petit rôle.
Il dirige une agence de police privée, l'agence Fiat Lux. On aura
reconnu le nom de l'agence de Nestor Burma. Léo Malet s'est-il
inspiré de ce film ? J'ai cherché chez Alfu (Léo
Malet, parcours d'une oeuvre), chez Francis Lacassin (Sous le
masque de Léo Malet, Nestor Burma), chez Malet lui-même
(son autobiographie La vache enragée, le roman Gros plan
du macchabée qui relate la création de l'agence Fiat
Lux) sans trouver confirmation. Cependant, Léo Malet était
à l'époque suffisamment introduit dans le milieu du cinéma
(son amitié avec les frères Prévert lui permettait
de faire de la figuration dans pas mal de films) pour qu'on puisse penser
qu'il s'agit là d'autre chose que d'une coïncidence.
VENDREDI.
Courriel. Un membre de la [listeoulipo]
envoie l'extrait de Paris-Normandie qui relate l'audience de la juge Vinas,
présidant une audience consacrée aux délits de conduite
en état alcoolique. J'en avais fait part aux oulipolistiers en
août dernier.
SAMEDI.
TV. Les Démons à
ma porte (Guizi lai le, Jiang Wen, Chine, 2000 avec Jiang Wen, Jian
Hongbo, Kagawa Teruyuki; diffusé sur Canal + en mai 2003).
1945. Dans un village du nord-est de la Chine occupé par les Japonais,
des villageois sont contraints de cacher un soldat japonais et son interprète.
C'est un film surprenant de bout en bout, et à plus d'un titre
: par les langues d'abord, le chinois et le japonais qui s'entremêlent
sans arrêt (il n'y a quasiment pas de plan muet, l'ensemble des
dialogues doit meubler des centaines de pages), par le contexte historique
mal connu (l'occupation d'une partie de la Chine par le Japon qui se termine
par la capitulation), par la façon tragi-comique de traiter un
sujet de vie et de mort, par une mise en scène déstabilisante
qui voit les personnages littéralement sauter dans et hors du cadre.
Ce n'est pas passionnant de bout en bout (ça dure tout de même
2 h 15), ce n'est pas d'une clarté limpide, mais Jiang Wen avait
de quoi attirer la curiosité du jury de Cannes 2000 qui lui a attribué
son Grand Prix.
L'histoire commence de façon burlesque avec des villageois qui
ne savent comment se débarrasser de prisonniers qu'on leur a confiés
sans leur demander leur avis, s'oriente vers un happy end avec la réconciliation
des forces en présence avant de verser dans le drame. Absurde,
dérisoire, tragique, la guerre dans toute son étendue.
Bon dimanche.
Notules
dominicales de culture domestique n°113 - 15 juin 2003
DIMANCHE.
Agapes. C'est aujourd'hui communion
solennelle pour Marie, fille d'O., frère de Caroline. En tant que
chargé de famille, je suis exempté de messe et rejoins la
troupe chez O., à Golbey. La maison qu'il vient d'acheter est dotée
d'une piscine. C'est tout de même la première fois que j'emporte
un maillot de bains pour me rendre à une cérémonie
de ce genre.
O. et sa femme, tous deux présents, sont divorcés. Je m'amuse
beaucoup à découvrir des avocats en ouverture du repas.
J'imagine la suite : un chaud-froid de volaille sauce financière,
des oeufs brouillés, un dessert à base de pâte brisée,
mais non, la métaphore ne sera pas filée.
TV. The Sopranos (saison 3,
épisode 5; diffusé le jour-même sur Canal Jimmy).
Tony traîne sa femme chez sa psy. La tête de Carmela ! La
mort d'un protagoniste d'un cancer du poumon me fait pour la première
fois de ma vie songer à arrêter de fumer.
LUNDI.
Canicule. On a oublié d'éteindre
le four avant de partir à Saint-Jean-du-Marché. Il fait
très bon quand on rentre le soir au logis.
TV. The Sopranos (saison 3,
épisode 5; diffusé la veille sur Canal Jimmy).
J'ai commandé un peu plus tôt le disque de la série,
qui contient des noms prestigieux - Springsteen, Dylan, Clapton. J'ai
hâte d'écouter la chanson du générique à
fort volume au volant de ma puissante automobile, exactement comme Tony
Soprano. Je vais me remettre au cigare.
MARDI.
TV. Hôtel New Hampshire
(The Hotel New Hampshire, Tony Richardson, USA, 1984 avec Jodie
Foster, Beau Bridges, Rob Lowe; diffusé sur Paris Première
en octobre 1999).
Tony Richardson signe l'adaptation d'un roman de John Irving. John Irving
écrit de manière habile des livres à succès
dans lesquels il entasse une profusion de personnages et de sentiments.
Le film est à l'image des livres d'Irving : une succession linéaire
de situations selon un savant dosage de tragédie, d'humour, de
dérision et de sérieux. Au centre, il y a la famille, noyau
indestructible et étalon de toutes les valeurs, autour il y a un
hôtel matriciel, un montreur d'ours viennois nommé Freud,
des terroristes tout aussi viennois, un enfant écrivain, un viol
collectif, une catastrophe aérienne, un suicide, un inceste et
sûrement un tas d'autres choses car l'abondance ne m'a pas empêché
de m'endormir. Cinématographiquement, le seul intérêt
de la chose est qu'on y peut voir des comédiens dans leurs jeunes
années (Foster, mais aussi Nastassja Kinski).
MERCREDI.
Emplettes. Je fais faire des photos
d'identité pour le renouvellement de mes papiers. J'ai l'air d'un
joueur d'oud égyptien. J'achète des billets de train en
tablant sur un apaisement des conflits sociaux, les deux copieux volumes
d'Entretiens et conférences de Perec, un Mankell et un petit
Modiano.
Aménagement du territoire.
Prise des mesures pour l'achat de nouveaux rayonnages, programmé
pour juillet.
Cinéma. L'Impasse (Carlito's
Way, Brian De Palma, USA, 1993 avec Al Pacino, Sean Penn, Penelope
Ann Miller, John Leguizamo; présenté dans le cadre du cycle
"Reflets sur le cinéma noir").
New York, 1975. Carlito Brigante sort de prison, bien décidé
à rentrer dans le droit chemin. Mais on n'échappe pas à
son destin et les rêves de retraite paisible aux Bahamas avec Gail,
sa compagne, vont se révéler impossibles à réaliser.
Et ce à cause de David Kleinfeld (Penn), l'avocat de Brigante qui
va l'entraîner dans un mauvais coup. Ironie du sort, Kleinfeld,
qui a aidé Brigante à sortir de prison, va passer du statut
d'instrument de rédemption à celui d'instrument de perdition.
Le film s'ouvre sur la mort de Brigante et la suite est un long retour
en arrière. La question n'est donc pas de savoir ce qui est arrivé,
mais comment on en est arrivé là. Ce De Palma est digne
des meilleurs Scorsese. Il intéresse autant par la destinée
de Brigante (pourtant, le thème n'est pas neuf, on le trouve par
exemple dans L'Ennemi public de William Wellman avec James Cagney
en 1931) que par la virtuosité de la mise en scène. De Palma
livre un catalogue de trouvailles, d'inventions, de prouesses techniques.
Sa manière de meubler un plan est fascinante. Il faut regarder
de près les scènes de foule. Quand il utilise des figurants
dans une boîte de strip-tease ou dans la gare de Grand Central où
se déroule la séquence finale, on s'aperçoit que
chacun d'eux bouge et parle de façon autonome, ce ne sont pas des
silhouettes destinées à occuper l'espace mais de vrais personnages.
Cette virtuosité deviendra plus tard un peu vaine, dans Snake Eyes
par exemple, mais est ici utilisée de la meilleure des façons,
au service de l'histoire.
Curiosité. James Gandolfini, futur Tony Soprano, apparaît
dans un petit rôle. De mafioso, bien sûr.
JEUDI.
Courrier. J'envoie une revue de presse
à Y. et une lettre aux Objets trouvés, rue des Morillons
à Paris, injoignables par téléphone, "en espérant
que [leurs] plumes seront moins occupées que [leurs] lignes."
Cinéma. Filles uniques (Pierre
Jolivet, France, 2003 avec Sandrine Kiberlain, Sylvie Testud, Vincent
Lindon, François Berléand, Roschdy Zem, Francis Leplay,
Julien Cottereau, Albert Dray).
Autant le dire tout de suite, je ne suis pas passionné par l'oeuvre
de Pierre Jolivet, auteur de films parfois intéressants (Force
majeure), parfois crispants (Ma petite entreprise). Si je suis
venu, c'est pour Sandrine, et je n'étais pas le seul, comme me
l'a confié J., notulien rencontré sur place. Sandrine, j'irais
la voir au théâtre dans une pièce d'Eric-Emmanuel
Schmitt s'il le fallait, c'est dire. Je suis venu pour Sandrine et j'ai
été conquis par Sylvie Testud, dont la maîtrise étonne
de film en film. Elle incarne ici une marginale, une petite voleuse un
peu paumée, rôle qui peut donner lieu aux tics, langagiers
ou autres, les plus pénibles comme Vincent Cassel en fit la démonstration
dans Sur mes lèvres de Jacques Audiard. Elle échappe
pourtant à tous ces pièges et rend ce film féminin
(les hommes y sont très discrets) parfaitement crédible
et charmant. L'histoire coule toute seule, même si l'épisode
d'Annecy est plus faible que le reste et Jolivet sait utiliser des intérieurs
de classe (le Palais de Justice, le Train Bleu, la salle de restaurant
d'un hôtel d'Annecy) ou insolites (le Palais de la Femme). Quant
à Sandrine, elle est parfaite, cela va sans dire.
Anecdote. J'avais passé la soirée de la veille à
grelotter, en short et chemisette, devant De Palma, victime d'une climatisation
façon Vivagel. Prudent, je n'ose dire échaudé, je
m'étais muni ce soir d'un pull, accessoire qui s'est révélé
totalement inutile dans une salle surchauffée. D'Hibernatus,
on était passé à In the Heat of the Night.
VENDREDI.
Départ. Je prends le train
pour Paris, non sans avoir fait au préalable un crochet par le
cinéma où j'ai oublié hier soir mon portefeuille,
un objet qui semble ne pas être très attaché à
ma personne ces derniers temps. Je crois bien qu'on pourrait reconstituer
la robe d'une charolaise de belle taille avec le cuir de tous les portefeuilles
que j'ai perdus depuis mes jeunes années et que ma mémoire
serait bien plus performante si je parvenais à en chasser tous
les codes secrets inutiles des cartes bancaires que j'ai égarées
ou dont j'ai été dépouillé.
Lecture. A contre-courant du grand
toboggan (A Long Walk Up The Water Slide, Don Winslow, 1994;
Gallimard, Série Noire n° 2534, 1999, 331 p., traduit de l'américain
par Philippe Loubat-Delranc).
La secrétaire d'un producteur d'une chaîne de télévision
familiale accuse celui-ci de l'avoir violée. Elle disparaît
et se place sous la protection des concurrents de ses anciens patrons.
Trois ans avant Vie et mort de Bobby Z, Don Winslow utilise déjà
le thème du personnage qui essaie d'échapper à une
meute de poursuivants disparates acharnés à sa perte, en
l'occurrence des mafiosi, des financiers véreux, des membres du
monde de la télévision ou de la presse à scandale.
Si le gibier, une jeune femme plutôt délurée, est
attachant, les chasseurs sont trop nombreux, leurs intérêts
trop variés et obscurs pour que l'intérêt soit soutenu
de bout en bout. La poursuite s'étire, s'envase dans un hôtel
de Las Vegas et se révèle finalement ennuyeuse. Un Série
Noire pesant.
Perle. "Withers s'asseya sur la banquette pour terminer son verre."
(p. 207)
SAMEDI.
Vie parisienne. Je bavarde avec Danielle
Constantin, secrétaire de l'Association Georges Perec, à
l'Epsilon, rue Linné, en attendant l'heure du séminaire.
Elle est originaire de Québec mais a surtout vécu à
Toronto et au Mexique, ce qui ne l'empêche pas de connaître
Le Rêve du Diable. A Jussieu, intervention de Bernard Magné,
qui remplace Dominique Bertelli au pied levé, sur "Couples
mode d'emploi". Il ne s'agit pas de l'étude des couples humains
dans La Vie mode d'emploi - ce que je regrette un peu, j'aurais
aimé en savoir plus sur les jeux érotico-aquatiques de Philippe
et Caroline Marquiseaux au chapitre 30 - mais de celle de la contrainte
intitulée "Couples" dans le Cahier des charges.
Pour cette dernière des 21 paires de contraintes de la liste, il
s'agit de mêler et de faire apparaître dans chacun des chapitres
de La Vie mode d'emploi deux éléments d'une série
de 10 couples (Laurel et Hardy, Philémon et Baucis, Faucille et
Marteau, Labourage et Pâturage...). C'est sur la compréhension
du mécanisme de cette contrainte, sur le fait de savoir si les
éléments apparaissaient d'une façon explicite (pour
le dernier couple cité, un paysan qui laboure par exemple) ou implicite
(une allusion au Labour Party), que Magné a repris sévèrement
Bellos dans les Cahiers Georges Perec n° 7, ce qui a entraîné
une vive polémique sur la [listeperec]. Magné revient sur
sa présentation de la contrainte dans le Cahier des charges,
reconnaît son aspect insuffisant et la reformule totalement en s'appuyant
sur la linguistique et les notions d'expression figée et de défigement.
C'est passionnant, brillant, souvent drôle, dépourvu des
piques méchantes que je reproche parfois à Magné.
L'auditoire est subjugué, conquis, baba, moi le premier. Ce type
est vraiment fortiche.
Je croûte un jambon-beurre qui fond en terrasse au Petit Cardinal
et vais profiter de la climatisation à la Bibliothèque des
Littératures Policières. J'achète deux Série
Noire cartonnés à l'Amour du Noir et une carte du département
des Vosges en 1849 quai de Tournelle. Je bifurque rue de Bièvre
pour un bref pèlerinage mitterrandien et passe à Shakespeare
& C°, librairie anglo-saxonne où se déroule ces
jours-ci (avec apothéose le 16 juin, Bloomsday) un festival de
littérature "Lost, Beat & New, Three Generations of Parisian
Literary Tradition". George Whitman ne trône plus au milieu
de sa boutique mais sa fille, Sylvia, lui ressemble déjà.
Mon train part trop tôt pour que je puisse assister à la
lecture de Harry Mathews. Je lis Le Monde devant un thé au Café
Panis dans un état de béatitude totale jusqu'à la
pétarade occasionnée par une imposante manifestation de
motards une fois de plus (ça commence à devenir pléonastique)
en colère et je rentre par le 19 h 44.
Bon dimanche.
Notules
dominicales de culture domestique n°114 - 22 juin 2003
DIMANCHE.
Fête des pères. Je laisse
Caroline à sa garde et vais rejoindre les filles à Saint-Jean-du-Marché.
Elles m'offrent un galet de Moselle peint et un porte-crayons rouleau
de papier WC du plus bel effet.
LUNDI.
Bloomsday. L'événement
est brièvement évoqué sur la [listeoulipo]. F.G.
cite sur son site la fin des Morts.
Courriel. Je m'abonne au bulletin
de remue.net,
le site de François Bon.
Courrier. Les JVC sont de passage
à Sète. Je reçois le Bulletin n° 42 de l'Association
Georges Perec.
TV. The Sopranos (saison 3,
épisode 7; diffusé la veille sur Canal Jimmy).
Carmela a maintenant son propre psychologue, qui lui conseille de quitter
Tony et refuse son argent, qu'il juge trop sale. On a ici la réponse
à une question que je me pose depuis longtemps : oui, Carmela est
bien au courant des activités mafieuses de son mari. Et leurs enfants
?
MARDI.
TV. The Sopranos (saison 3,
épisode 8; diffusé dimanche sur Canal Jimmy).
Tony s'entiche d'une vendeuse de Mercedes. Avec Tony, les choses ne traînent
pas : pour conquérir la belle, il court à la concession
où elle travaille et achète un coupé 600. Un peu
comme si, sous le charme d'une pharmacienne, j'étais allé
lui acheter des préservatifs.
MERCREDI.
Cinéma. Un taxi pour trois
(Taxi para tres, Orlando Lübbert, Chili, 2001 avec Alejandro Trejo,
Daniel Munos, Fernando Gómes Rovira).
Santiago. Deux délinquants attaquent Ulises Morales, un chauffeur
de taxi, et le contraignent à devenir complice de leurs vols à
la tire.
Un véritable ovni que ce film, sorti à Paris le 29 janvier,
qui débarque à Épinal cinq mois plus tard en ayant
tout perdu des effets de la critique bienveillante qu'il a pu susciter.
Bilan : trois spectateurs, c'est parfait, ça rentre dans le taxi.
J'imagine une critique bienveillante parce que c'est souvent comme ça
que sont reçus ces films venus de pays cinématographiquement
indigents, un peu comme des S.O.S., des bouteilles à la mer. Le
fait est que les films des pays pauvres sont des films sur la pauvreté,
ou du moins sur l'économie (La Vie peu ordinaire de Dona Linhares,
Les neuf reines pour rester en Amérique du Sud). Le personnage
central de ce Taxi est le taxi lui-même, une Lada aux formes
audacieuses sur laquelle le chauffeur doit encore une douzaine de traites
avant d'en devenir propriétaire. C'est ce qui le pousse à
accepter une série de compromissions, à assumer l'illégalité
en compagnie de complices qu'il finira par renier pour sauver sa peau.
C'est un bon témoignage sur la débrouille à Santiago,
la corruption, le poids du passé politique évoqué
en passant par un des voyous qui parle de ses parents disparus. Lübbert
a des lettres cinématographiques, il le prouve en filmant une version
miteuse d'un braquage sur un champ de courses inspirée de L'ultime
razzia de Kubrick et sait éviter le film thèse démonstratif.
Un taxi pour trois n'est desservi que par une musique pompeuse et une
photographie un peu criarde.
JEUDI.
Vie familiale. Sortie de fin d'année
pour Lucie : croisière sur le Canal de l'Est à bord du Cadet-Rousselle,
croûte au restaurant et visite de l'Imagerie. Le tout avec 39°
de fièvre qui gâchent un peu la fête mais, compensation,
en compagnie de Caroline qui a pris une remplaçante pour la journée
afin de se joindre à la troupe.
Courrier. J'envoie des coupures à
Y.
Cinéma. The Good Girl
(Miguel Arteta, USA, 2001 avec Jennifer Aniston, Zooey Deschanel, Jake
Gyllenhaal, Tim Blake Nelson, John C. Reilly, Mike White, Deborah Rush,
John Doe, Roxanne Hart).
Justine, vendeuse de produits cosmétiques dans une grande surface,
est mariée à Phil, peintre en bâtiment. Le couple
ne peut pas avoir d'enfant. Justine s'ennuie sans que son mari s'en rende
compte et trouve refuge dans l'adultère.
Le scénario n'est pas signé Flaubert mais le fait que Phil
travaille sur un chantier dans un bled dont le nom ressemble à
Bovary et qu'un personnage s'appelle Floberta n'est sans doute pas innocent.
L'amant de Justine, avec ses rêves de littérature et de renommée
est un parfait Léon et l'ami de Phil, qui surprend Justine au bras
de son amant, ferait un très bon Binet. Les jeunes spectateurs
ont pu être surpris de voir, dans le rôle de cette Emma texane,
Jennifer Aniston, comédienne vedette de la série Friends,
série que je n'ai jamais regardée mais qui, pour ce que
j'en sais, présente des personnages plus lisses que celui de Justine.
L'ennui qui suinte dans les petites villes de province est un thème
couru chez les cinéastes indépendants américains.
Dans le genre, The Good Girl est moins abouti que Ghost World
de Terry Zwigoff mais bénéficie d'une justesse de ton, d'une
vision pessimiste et d'une interprétation intéressantes.
VENDREDI.
Vacances. Caroline trouve enfin un
remplaçant pour les deux premières semaines d'août.
Le Loir-et-Cher nous tend les bras.
Courriel. W.W. me reproche d'avoir
dit du bien de Bernard Magné dans les dernières notules.
Renommée. L'Est Républicain
me cite et me montre dans un article sur l'opération "Collège
au cinéma".
Courrier. Je reçois le double
CD des Nocturnes de Georges Lang, une émission sur RTL qui a souvent
servi de fond musical à mes insomnies avant que je ne bascule définitivement
et continûment sur les Nuits de France Culture (à faible
volume depuis que je ne dors plus seul).
TV. Je renonce à regarder le
film prévu pour cause d'anéantissement morphique et réussis
à émerger pour les dernières minutes de France-Japon
(2-1, avec un but de Pires).
Lecture. Meurtriers sans visage
(Mördare utan ansikte, Henning Mankell, 1991; Christian Bourgois,
coll. "Policiers Bourgois" 1994 pour la traduction française,
traduit du suédois par Philippe Bouquet; 386 p., 19,82 ).
Un double meurtre sauvage a lieu dans une ferme isolée de Scanie.
Les derniers mots d'une des victimes accusent un étranger, suscitant
une vague d'actions xénophobes. L'affaire est confiée à
l'inspecteur Kurt Wallander.
Grâces soient ici rendues à Ch., qui m'a mis sur la piste
de cette toute première apparition de Wallander. Paru en 1994,
le livre est passé inaperçu et il faudra attendre Le guerrier
solitaire, traduit au Seuil cinq ans plus tard, pour que Mankell rencontre
le succès et que Wallander devienne une des vedettes du polar contemporain.
C'est d'autant plus curieux que toutes les qualités qu'on reconnaît
aujourd'hui aux livres de Mankell étaient déjà présentes
dans ce premier épisode : personnage central attachant, chronique
précise de la vie d'un commissariat, exotisme scandinave, suspense
de l'enquête, réflexion pessimiste sur l'évolution
de la société suédoise. Wallander a alors 43 ans,
le bel âge, sa femme l'a quitté trois mois plus tôt,
il roule déjà en Peugeot, son père commence à
perdre la tête, son hygiène de vie est déplorable
et il voit son pays changer d'une manière inquiétante (racisme,
meurtres sanglants). Mankell ne fait pas de son personnage un modèle,
Wallander est d'une maladresse redoutable avec les femmes, il conduit
bourré, il est à deux doigts de reconnaître en lui-même
des traces de xénophobie. C'est ce mélange d'humanisme et
d'efficacité policière qui donne son prix aux livres de
Mankell.
SAMEDI.
Vie familiale. Alice et Lucie souffrent
d'angine, fruit des bienfaits des ambiances climatisées. Un piqûre
d'insecte transforme la cheville de Caroline en tronc de baobab. Une préparatrice
de la pharmacie, enceinte (vile fornicatrice !), qui devait être
en congé de maternité en septembre, est arrêtée
à partir d'aujourd'hui. Le Loir-et-Cher s'éloigne à
grands pas. Pour clore la journée, je détruis une de mes
lentilles au cours d'une fausse manoeuvre. Le petit bruit de la lentille
rigide écrasée par une semelle plus rigide qu'elle est bien,
dans sa brève intensité dramatique, aussi terrible que celui
de l'oeuf dur cassé sur un comptoir d'étain du poète.
Lecture. Éphéméride
(Patrick Modiano, Mercure de France, coll. Le Petit Mercure, 2002; 38
p., 2,50 ).
Dans ces quelques pages, Modiano rassemble des souvenirs épars
qui constituent une sorte de "Je me souviens" qui ne veut pas
dire son nom (quoique : "Je me souviens d'avoir lu Les Oberlé
de René Bazin"). Si le "je" qui parle est bien l'auteur,
il ressemble en tous points aux personnages de ses romans ou vice versa.
Il est question d'un père aux activités et aux relations
énigmatiques, de lieux modianiens (Paris, Annecy, Jouy-en-Josas),
de lectures, de faits divers, de personnes réelles (Queneau), d'activités
politiques et commerciales obscures : tout Modiano en moins de 40
pages !
Extrait. "A Paris, à la même époque, je vais
déjeuner chez Raymond Queneau, le samedi. Souvent, au début
de l'après-midi, nous prenons ensemble un taxi, et de Neuilly nous
revenons tous deux sur la Rive Gauche.
Il me parle d'une promenade qu'il avait faite avec Boris Vian dans une
petite rue que presque personne ne connaît, tout au fond du XIII°
arrondissement, entre le quai de la Gare et la voie ferrée d'Austerlitz
: rue de la Croix-Jarry. Il me conseille d'y aller.
Plus tard, chaque fois que nous nous verrons, nous parlerons de cette
rue de la Croix-Jarry. Il y a quelque temps, j'ai lu que les moments où
Queneau avait été le plus heureux, c'était quand
il devait écrire des articles sur Paris pour L'Intransigeant et
qu'il se promenait l'après-midi à travers les rues."
Dans ce passage, les moments les plus éloignés sont racontés
au présent ("je vais déjeuner"), les plus proches
au passé ("j'ai lu"), caractéristique du flou
temporel modianien.
TV. Trop c'est trop ! (Say
it isn't so ?, James B. Rogers, USA, 2000 avec Chris Klein, Heather
Graham, Sally Field; diffusé sur Canal + en mai 2003).
Une petite ville de l'Indiana. Gilly est orphelin. Il travaille à
la fourrière municipale. Il tombe amoureux d'une coiffeuse, Jo,
avant d'apprendre qu'il s'agit de sa soeur.
Rogers fait partie de l'écurie des frères Farrelly (Mary
à tout prix, Fous d'Irène, films cités ici par l'intermédiaire
d'une mèche de cheveux rebelles et d'un troupeau de vaches sur
une route) et se révèle, pour sa première réalisation,
un épigone à leur hauteur. Prenant prétexte d'une
banale histoire sentimentale, le film met à mal la famille, le
mariage, la police, la political correctness avec un comique outré
réjouissant. Gags énormes, situations scabreuses, règlements
de comptes iconoclastes, le tout servi par des comédiens aux visages
angéliques qu'on croirait à mille lieues de ces turpitudes.
Sur le plan de l'intrigue, une idylle empêchée par la cupidité
des parents, il n' y a rien de neuf sous le soleil depuis Molière
si ce n'est un goût pour le sexuellement scabreux bienvenu dans
un cinéma qui baigne plus volontiers dans l'asepsie.
Curiosité. On note la présence, dans un fauteuil roulant,
de Richard Jenkins, le père fantôme de la série Six
Feet Under.
Bon dimanche.
Notules
dominicales de culture domestique n°115 - 29 juin 2003
DIMANCHE.
Faiblesse. En achetant Les Thibault
cet hiver, je m'étais dit que ça constituerait la lecture
pavé des vacances. Seulement, je n'ai pas de volonté. Il
me reste une semaine de travail et j'en entame la lecture. Je suis un
misérable.
TV. The Sopranos (saison 3,
épisode 9; diffusé le même jour sur Canal Jimmy).
Tony file le parfait amour avec sa vendeuse de chars germains.
LUNDI.
Vie scolaire. Je commence à
faire le ménage dans ma salle.
Je travaille à une nouvelle tâche que l'on m'a confiée
: la rédaction d'un discours à l'occasion du départ
d'une collègue. L'exercice me plaît, au moins pour la partie
écriture : je m'amuse à citer Chateaubriand et à
parler de syllepse de sens. Le prononcer, ce sera autre chose.
Vie familiale. Nous assistons à
une représentation du cirque Pinder. Je ne suis pas allé
au cirque depuis mon enfance. C'était sur le même Champ-de-Mars,
c'était déjà le cirque Pinder, à l'époque
Pinder-ORTF. Je ne me rappelle plus le spectacle mais je me souviens qu'à
l'entracte nous avions eu droit à un enregistrement du Jeu des
mille francs avec Lucien Jeunesse. A cette époque, la punition
la plus cruelle que pouvaient m'infliger mes parents était de me
priver de La Piste aux étoiles. Depuis, au vu de cette soirée,
le cirque a perdu de sa superbe : l'orchestre se limite à une batterie,
les clowns sont nuls, les paillettes sont ternes, les justaucorps mités
et les fauves manquent de conviction. Mais le regard des enfants reste
le même.
MARDI.
Vacances. J'inscris Lucie à
deux stages pour les vacances, baby-gym et jeux de piste.
Courrier. Une lettre de la rue des
Morillons : pas de trace de mon portefeuille aux Objets trouvés.
Téléphone. Deux minutes
après avoir pris connaissance de la lettre des Morillons, je reçois
un appel de la Mairie de Montrouge : mon portefeuille a été
retrouvé à la bibliothèque municipale, derrière
les rayonnages consacrés au genre policier. Moi qui parlais de
jeu de piste... J'ai bien fait de ne pas me précipiter pour refaire
mes papiers.
Gladiator. J'entame un combat qui
promet d'être long pour changer le mode d'envoi des notules. Du
fait du nombre d'abonnés, la formule courriel sature et les incidents
se multiplient. J'essaie de mettre en place une liste de diffusion avec
l'aide à distance de Y. mais ce n'est pas facile.
Vie scolaire. Cérémonies
et agapes de fin d'année au collège. Je prononce mon discours
sans encombre. Après coup, un auditeur, qui ne m'a pourtant jamais
vu avec un outil en main, me dit qu'il a pensé à Monsieur
Hulot en me regardant. Je prends ça pour un compliment. Caroline
rejoint la troupe pour le barbecue final. Je suis dans un état
moral bien meilleur que l'an passé à cette même époque
mais il m'est toujours aussi difficile de passer du statut de bonnet de
nuit à celui de joyeux drille.
MERCREDI.
Emplettes. J'achète des vêtements
légers en soldes, Mallarmé en Pléiade, Berlin
Alexanderplatz de Döblin et les nervaliennes élucubrations
d'Abaclar.
Cinéma. A la petite semaine
(Sam Karmann, France, 2003 avec Gérard Lanvin, Jacques Gamblin,
Clovis Cornillac, Liliane Rovère, Julie Durand, Philippe Nahon,
Josiane Stoléru, Florence Pernel).
Jacques sort de prison, revoit ses anciens amis dont Francis qui l'admire
et attendait son retour pour se lancer dans un coup préparé
avec son copain Didier.
A la limite, si Sam Karmann s'était contenté d'un bon film
noir à la française, façon José Giovanni,
on aurait pu y croire. Il y a dans cette petite semaine des personnages
d'anciens taulards portés par des comédiens peu connus mais
aux belles trognes (Nahon, Jean-Pierre Lazzerini, Etienne Chicot, Jean-Paul
Bonnaire), une révélation intéressante avec Cornillac
qui interprète Didier, des moments où la mise en scène
s'accélère, se resserre pour donner un peu de tension, une
belle scène de flambe dans un casino aux accents dostoïevskiens.
Mais le duo Lanvin-Gamblin n'est pas gâté et se révèle
franchement mauvais. Lanvin trimballe une barbe et un visage creusé
à la Denner sans avoir l'air de croire à son rôle
de truand repenti. Gamblin joue le disciple, partagé entre son
désir de réussir chez les durs et une passion pour le théâtre
qui l'amène à déclamer du Marivaux dans une académie
de billard au cours d'une scène d'un haut ridicule. Deuxième
tentative de l'acteur Karmann dans la mise en scène après
Kennedy et moi, deuxième flop.
JEUDI.
Vie scolaire. Surveillance des épreuves
du Brevet des collèges. Je sais comme les heures de surveillance
d'après-midi sont redoutables, et pour prévenir tout assoupissement
intempestif je vais dormir dans les bois pendant la mi-journée.
Ma collègue, moins aguerrie, manque de tomber de sa chaise à
plusieurs reprises.
Football. France - Turquie (3-2).
L'émotion des joueurs a beau être sincère après
la mort de leur camarade Marc-Vivien Foé, il faut jouer. On ne
peut aller contre les intérêts économiques en jeu,
même pour une compétition de patronage comme cette Coupe
des Confédérations. D'ailleurs, après le premier
but de Thierry Henry, tout le monde, joueurs, commentateurs, téléspectateurs
a oublié l'événement tragique. Il faudra, à
la fin du match, l'intervention de Jacques Santini à l'accent comtois
épaissi par le chagrin pour revenir à la réalité.
VENDREDI.
Vie familiale. Pour fêter mes
vacances, je vais déjeuner avec Caroline dans un endroit couru,
sur le port. Un lieu où l'on va apparemment plus pour se faire
voir que pour la croûte : le poisson commandé arrive
au bout d'une bonne heure. Nous renonçons au dessert et au café :
je n'aime pas conduire de nuit.
Lucie fait des adieux à la maternelle, Alice à la crèche.
Voir la vie comme une succession de lieux que l'on quitte.
Au soir, nous emmenons les filles, ravies, manger des trucs mous.
Courrier. J'envoie une revue de presse
à Y., et à P.P., qui y vécut, une photo des immeubles
démolis de la rue du Parc.
TV. The Sopranos (saison 3,
épisode 10; diffusé le 22 juin sur Canal Jimmy).
C'est l'épisode de Noël. Tony Soprano allume la télé
et tombe sur La Vie est belle de Capra : "Not again !"
SAMEDI.
Performance. Je parviens à
faire deux siestes dans l'après-midi, une at home et une
autre à Saint-Jean-du-Marché où j'ai conduit les
filles.
Rugby. Nouvelle-Zélande - France
(31-23). C'était bien la peine de veiller jusqu'à une heure
du matin. Pour donner moins de prise aux placages, certains Blacks portent
désormais un maillot synthétique moulant qui les fait ressembler
à des cyclistes au torse hypertrophié. C'est très
laid.
Bon dimanche et, pour ceux que ça concerne, bonnes vacances.
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