Notules dominicales
de culture domestique n°271 - 3 septembre 2006 DIMANCHE.
Lecture. Je suis mort hier (Ya Oumer
Vtchera, Alexandra Marinina; Eksmo-Press, Moscou 1997, Le Seuil 2003, coll.
Policiers pour la traduction française; traduit du russe par Galia Ackerman
et Pierre Lorrain; 382 p., 18 €). Après la déception engendrée
par la lecture de La mort pour la mort, je ne regrette pas d'avoir donné
une deuxième chance à Alexandra Marinina. Deux autres de ses livres
ont été traduits entre-temps (trois romans publiés à
Moscou en 1997, la dame a la plume facile) mais on retrouve ici Anastasia Kamenskaïa,
l'inspectrice aux prises cette fois avec une machination beaucoup plus plausible
que dans l'histoire lue précédemment. Les agissements fumeux d'une
bande de scientifiques ont laissé place à ceux d'une secte autrement
plus inquiétante. L'intrigue est répartie en plusieurs foyers, représentant
autant de victimes potentielles, entre lesquels Kamenskaïa aura du mal à
faire le lien au bout d'une enquête bien tenue. Le style est toujours plat,
les notations psychologiques aussi sommaires mais au moins il y a une histoire
qui tient debout et toujours la description intéressante des conditions
de vie du Moscovite moyen. TV. Les
Soprano (série américaine de David Chase, 2002, avec James Gandolfini,
Edie Falco, Lorraine Bracco; saison 4, épisodes 6 & 7, diffusés
le 19 août sur France 4). LUNDI. Bourde.
Je m'aperçois avec effroi que j'ai dû envoyer en mai dernier à
Histoires littéraires le brouillon de ma chronique et non la version
définitive. A l'heure des épreuves définitives, la bourde
est irrattrapable. Bon ça reste lisible, tout y est, mais ce n'est pas
bâti comme je le voulais, il y a des tas de trucs que j'avais modifiés
ou supprimés. Ça m'apprendra à vouloir toujours tout garder.
Je pars cacher ma honte à la capitale. Lecture.
Tumulte (François Bon, Fayard, 2006; 550 p., 22 €).
Une lecture que je tenais à terminer sur la ligne ferroviaire Nancy - Paris
et qui doit faire l'objet d'une chronique pour La Liberté de l'Est.
L'article parlera de ce qui est dans le livre mais j'aurais aussi aimé
parler de ce qui n'y est pas : "je vous expliquerai un jour pourquoi Bognor
Regis" ou "je rouvre le journal de Pierre Bergounioux qui doit paraître
dans deux mois et j'en ai les épreuves : mille pages pour une décennie
de sa vie, l'écriture de son premier livre, ses enfants qu'on y voit grandir.
Je les connais pour de vrai, lui et les siens, connais même une partie du
secret sur lequel s'organise ce journal, les dix lignes supprimées qui
sont probablement la seule raison qu'il a de publier l'ensemble..."
MARDI. Vie parisienne. J'accompagne
Caroline dans une onéreuse déambulation du côté de
Saint-Germain. Il pleut et il faut bien s'abriter dans les échoppes. Les
livres de la rentrée sont sur les tables. Je recule devant la masse (900
pages) des Bienveillantes de Jonathan Littel, le seul roman du moment vers
lequel je me sens attiré et me rabats sur A l'ouest rien de nouveau,
qui a déjà fait ses preuves. J'achète rue de Seine une gravure
d'Epinal, ferme mon porte-monnaie et, après la traditionnelle visite à
la salle des revues de la librairie Compagnie, passe l'après-midi à
la bibliothèque. MERCREDI. Lecture.
Le musée de l'art (The Art Book, Phaidon Press 1994; Le Livre
de Poche 1998 pour la traduction française; 516 p., s.p.m.). Cinq cents
artistes, peintres, plasticiens, sculpteurs, du Moyen Âge à nos jours,
un par page, rangés par ordre alphabétique et représentés
chacun par une oeuvre commentée. Ce volume ramassé, maniable, est
un succès de librairie depuis sa sortie en 1998. On comprend pourquoi :
il donne à son possesseur l'illusion de tenir tout le monde artistique
dans sa main. L'illusion seulement : les illustrations sont bien trop petites,
les commentaires bien trop succincts (approche biographique, inscription de l'oeuvre
dans telle ou telle époque ou tendance, description et interprétation
en une vingtaine de lignes, les rédacteurs font des prouesses) pour donner
autre chose qu'un survol superficiel et lacunaire. Malgré tout, il possède
des aspects intéressants : l'ordre alphabétique supprime toute hiérarchie,
l'artiste minimaliste contemporain a droit au même traitement que tel maître
de la Renaissance. Concernant l'art contemporain, les choix sont d'ailleurs souvent
courageux et donnent lieu à de belles découvertes, au détriment
parfois de noms qu'on aurait aimé trouver (pas de Friant, pas de Valenciennes,
pour prendre deux exemples qui m'intéressent ces jours-ci). C'est juste
un vade-mecum, un ouvrage pratique qui permet une recherche rapide et efficace.
Je l'ai pourtant lu in extenso, page après page (j'aime lire en
entier des livres qui ne sont pas faits pour ça, des dictionnaires, des
guides de voyage, des catalogues d'exposition, des atlas) car il m'a accompagné
au cours de tous mes déplacements hors d'Epinal depuis sept ans. C'était
même la première chose que je plaçais dans mon sac de voyage
et la page de garde m'apprend que je l'ai lu à Mandelieu-la Napoule (Alpes-Maritimes),
à Saint-Jean-de-Sixt (Haute-Savoie), à Saint Albans (Angleterre),
à Cindré (Allier), à Saint-Gervais-d'Auvergne (Puy-de-Dôme),
à Jaleyrac (Cantal), à Castanet (Lozère), à Au (Autriche),
à Jouy-le-Moutier (Val-de-Marne), à Perriers-sur-Andelle (Eure),
à La Chapelle-d'Abondance (Haute-Savoie), à Mur-de-Sologne (Loir-et-Cher),
à Avermes (Allier), à Mézières-sur-Issoire (Haute-Vienne),
à Thouron (Haute-Vienne) et dans les chambres 6, 6 bis, 8 ,9, 12, 14, 19,
28, 30, 31, 32, 34, 37, 41, 42, 44, 47 et 72 de l'hôtel Amiot, boulevard
de Strasbourg, Paris, Xe arrondissement. Vie
parisienne (suite). Caroline me rejoint au Louvre après que
j'ai fini d'explorer la salle 23 consacrée à Teniers. Un détour
par l'aile Sully pour trouver les études italiennes de Pierre-Henri de
Valenciennes et nous partons au hasard sous le soleil revenu, les Tuileries, passerelle
et rue de Solférino, rue Vaneau (plaque sur la maison d'André Gide),
Montparnasse, rue de Rennes, pas un seul salon intéressant à se
mettre sous la dent mais les fleuristes offrent des pistes intéressantes
(Vert-tige et ainsi de suite) qu'il faudra peut-être explorer un jour. Dans
le train du retour, au rayon célébrités, nous bénéficions
cette fois de la présence d'un romancier à succès. Les pauvres
voyageurs qui ne savent pas qu'il s'agit d'un romancier à succès
(le Renaudot, pensez...) se doutent tout de même qu'ils ont le privilège
de partager leur wagon avec quelqu'un qui n'est pas de leur monde : mallette publicitaire
Canal + bien en évidence, vêture branchouille (une sorte de CharlElie
Couture au rabais, si on se rappelle, ce doit être la région qui
veut ça), lunettes de soleil (alors qu'il fait de nouveau un temps de cochon),
téléphone de poche en permanence collé à l'oreille
même au moment du changement de train, lecture de Mario Rigori Stern, oh
pas longtemps, une minute, le téléphone, n'est-ce pas, ça
accapare, mais lecture ostensible, debout, histoire de bien montrer que ce n'est
pas Pif Gadget, qu'on a des lectures sérieuses (je m'évente avec
France Football). C'est un véritable soulagement quand il descend à
Dombasle, avec ce vague regard de commisération pour les pauvres ploucs
qui continuent vers les Vosges. J'ai hâte d'être at home pour
flanquer à la poubelle les livres de ce poseur que j'ai eu la faiblesse
d'acheter. Lecture. La comédie
des livres (Jean-Claude Lamy, Albin Michel, 2006; 272 p., 18,50 €).
Chronique à rédiger pour Histoires littéraires.
JEUDI. Lecture. Viridis
Candela (Carnets trimestriels du Collège de 'Pataphysique n° 23,
15 mars 2006; 64 p., 15 €). Numéro très mince, numéro
hétéroclite, numéro de faible intérêt mais dont
la lecture me permet d'être à peu près à jour dans
mon parcours des publications du Collège. TV.
Vol de nuit (émission littéraire présentée
par Patrick Poivre d'Arvor, diffusée la veille sur TF1). C'est aussi
la rentrée pour les émissions que je regarde en vue d'alimenter
ma chronique trimestrielle destinée à Histoires littéraires.
Rien à glaner dans ce numéro, si ce n'est la certitude que Florian
Zeller et Nathalie Rheims passent beaucoup de temps chez le coiffeur.
VENDREDI. Guignol's Band. A mon
tour de rentrer, journée polissage de pattes de mouches au collège.
L'emploi du temps que je touche pour l'année à venir compromet sérieusement
mes escapades parisiennes de fin de semaine, dont la perspective seule rendait
supportable l'ennui et les ennuis de la routine salariée. Il va falloir
mettre entre parenthèses quelques chantiers, recherches et études
littéraires, ce qui va décupler mon ardeur à la tâche.
Je me sens parti pour une année encore plus sabbatique que les précédentes.
Au retour, j'arrache mes patates, histoire d'avoir tout de même quelque
chose de positif à retirer de cette journée, et j'étudie
les horaires SNCF. TV. Les Soprano
(série américaine de David Chase, 2002, avec James Gandolfini, Edie
Falco, Lorraine Bracco; saison 4, épisodes 8 & 9, diffusés le
19 août sur France 4). Le dixième épisode, qui voit Tony
Soprano remettre les mains dans le cambouis pour l'élimination de Ralph
Cifaretto, est un des sommets de la série au même titre que la balade
dans la neige de Chris et Paulie dans la saison précédente.
SAMEDI. Invent'Hair. Belle
progression cette semaine, notamment autour du pays nantais, avec au tableau d'honneur
Epi tête, Au long court, Liber-tifs, Hair du temps, Pétard à
mèches, Libertiff et le splendide Bigoud'île... de Noirmoutier.
Le front des aptonymes est lui aussi actif avec un M. Mouilleseaux peintre en
bâtiment. Merci aux notuliens vigilants qui font part de leurs trouvailles.
Courrier. Arrivée d'un disque
(The Carter Family) et d'une carte postale (Cap Cerbère).
TV. Football. Géorgie - France 0 -
3 (en direct sur TF1). Est-ce l'absence de Zidane qui fait que tout à
coup les Français jouent beaucoup plus vite ?
Vie sociale. Nous sommes conviés à une soirée
(une préparatrice célèbre le brevet qu'elle vient d'obtenir)
dans un village. Rapidement, on s'aperçoit qu'il n'y a que deux sujets
de conversation : la chasse pour les hommes (il manque quelques phalanges à
mon voisin de droite, tronçonneuse ou chevrotine ?) et l'absence des hommes
partis à la chasse pour les femmes, les Desperate Housewives à
la mode locale. Bon dimanche. Notules
dominicales de culture domestique n°272 - 10 septembre 2006 DIMANCHE.
Courriel. Une demande d'abonnement aux notules.
TV. Les Soprano (série
américaine de David Chase, 2002, avec James Gandolfini, Edie Falco, Lorraine
Bracco; saison 4, épisodes 10 & 11, diffusés le 26 août
sur France 4). LUNDI. Vie familiale.
Rentrée scolaire des filles qui partagent pour la première fois
le même établissement. Je bénéficie pour ma part de
vingt-quatre heures de sursis, la journée au collège étant
réservée aux classes de sixième et à leurs professeurs
principaux, que je savoure goulûment. TV.
Les Soprano (série américaine de David Chase, 2002, avec
James Gandolfini, Edie Falco, Lorraine Bracco; saison 4, épisode 12, diffusé
samedi sur France 4). Entendu hier, à la reprise des Papous
sur France Culture, dans le portrait ému que Françoise Treussard
faisait de leur créateur disparu, Bertrand Jérôme : "Il
aimait regarder Les Soprano à la télévision."
Bertrand Jérôme était un honnête homme. MARDI.
Courriel. BB envoie une brassée d'aptonymes.
TV. Les Soprano (série
américaine de David Chase, 2002, avec James Gandolfini, Edie Falco, Lorraine
Bracco; saison 4, épisode 13, diffusé samedi sur France 4).
Fin de la période de révision puisque France 4 interrompt ici la
diffusion de la série. On attendra 2007 pour voir le sixième et
dernier volet. Pour ne pas rompre tout à fait avec le crime organisé,
j'ai commandé la trilogie du Parrain en DVD. MERCREDI.
Emplettes. Je fais ma rentrée dans
les librairies spinaliennes, en ressors chargé d'un polar norvégien
et de volumes consacrés à La Bruyère, Baudelaire et au docteur
Blanche. Vie familiale. Nous faisons
un tour aux champignons, particulièrement abondants ces temps-ci. Ce matin,
au marché, j'ai vu pour la première fois des oronges, des amanites
des Césars pour être précis, en masse, alors que c'était
un champignon plutôt rare dans nos contrées. Un effet du réchauffement
climatique ? TV. Football. France
- Italie 3 - 1, en direct sur TF1. JEUDI. Vie
interrompue. Je sèche l'école pour me rendre aux obsèques
de JMG en l'église de La Verrerie-de-Portieux. JMG était le factotum
du collège de Châtel, où il avait pu se réfugier, blouse
bleue, tournevis et tondeuse à gazon, après la débâcle
du textile. J'ai travaillé avec lui une bonne douzaine d'années,
ses dernières. La presse locale lui a offert un petit article nécrologique
ce matin, de facture traditionnelle : rappel biographique, vie familiale et professionnelle
et la phrase qu'on ajoute quand on ne sait plus quoi dire pour les gens qui ont
vécu une vie humble, sans hauts faits : il aimait (au choix) la pêche,
les champignons, le jardinage, le bricolage, le sport, la nature... La nature,
je ne sais pas s'il l'aimait, mais il l'arpentait. Chaque jour : "Tous les
après-midis, une balade !", il ne voulait pas qu'on croie qu'il menait
une retraite oisive, qu'il roupillait devant la télé. Il avait ça,
et puis la chorale (c'est lui qui m'a appris le répertoire d'Henri Genès,
plus personne ne sait qui est Henri Genès ni ce qu'il a chanté,
"Le facteur de Santa-Cruz", "La tantina de Burgos" et tutti
quanti, mais j'ai beaucoup d'affection pour Henri Genès, peut-être
parce que je l'ai croisé un jour en peignoir, il faudra que je raconte
comment), ça remplissait ses après-midis. Pourtant, dimanche, c'est
le matin que JMG est parti se promener. Pas très loin, il connaissait bien
le coin, il avait eu le temps de l'étudier. On peut être sûr
qu'il avait soigneusement choisi, dans le lit de la Moselle, le trou dont il savait
qu'il ne remonterait pas. Courriel.
Une demande d'abonnement aux notules. TV.
Football. Caen - FC Metz 0 - 0, en direct sur Eurosport. VENDREDI.
TV. Desperate Housewives (série
américaine de Mark Cherry, 2005, avec Teri Hatcher, Marcia Cross, Felicity
Huffman, Eva Longoria, Alfred Woodard, Nicolette Sheridan, James Denton; saison
2, épisodes 1 & 2, diffusés la veille sur Canal +). Il n'y
a pas, à l'heure d'aborder la nouvelle saison de cette série, l'excitation
qu'on peut ressentir à la découverte d'un nouvel épisode
des Soprano ou de The Shield. On sait depuis l'an dernier qu'on
n'est pas dans la même catégorie, que Desperate Housewives
est une série gentille, que ses audaces sont surtout de façade.
On y retourne tout de même avec plaisir, certain d'y trouver le confort
d'un divertissement de qualité. Ce n'est pas l'amorce d'intrigue de ces
premiers épisodes (une nouvelle famille a emménagé dans Wisteria
Lane et semble séquestrer quelqu'un à la cave) qui va nous empêcher
de dormir. Lecture. Les fleurs
meurent aussi (All the Flowers are Dying, Lawrence Block, William Morrow/HarperCollins
Publishers, New York, 2005; Le Seuil, coll. Policiers, 2006 pour la traduction
française; traduit de l'américain par Etienne Menanteau; 360 p.,
21 €). A l'heure du bilan sur les événements du 11-septembre
2001, il faut ajouter une nouvelle victime : Lawrence Block. Celui qui fut le
maître du polar new-yorkais a publié trois livres depuis cette date,
le premier directement inspiré par l'attentat terroriste (Lendemains
de terreur, totalement indigeste), les deux autres reprenant ses deux héros
habituels, le cambrioleur Rhodenbarr (Le cambrioleur en maraude) et l'ex-privé
alcoolique Scudder dans ce roman. A chaque fois, Block semble manquer de ressort
: ça démarre bien - ici dans un pénitencier à la veille
d'une exécution capitale - et puis ça s'effiloche, ça manque
de jus. On attendait mieux de l'auteur que la mise en scène d'un tueur
en série, encore un, même si on peut considérer comme une
nouveauté le fait que Scudder joue ici le rôle du gibier au lieu
du chasseur. SAMEDI. Football.
SA Spinalien - AS Nancy Lorraine (B) 1 - 0. Troisième victoire consécutive
pour le SAS, situation totalement inédite qui amène presque un peu
d'ambiance dans les tribunes. La Colombière commence à ressembler
à un grand stade, il y a même les fumigènes en provenance
du stand de merguez. Bon dimanche. Notules
dominicales de culture domestique n°273 - 17 septembre 2006 DIMANCHE.
Vie familiale. Nous croûtons chez mes
parents et partons tous ensemble pour une promenade à Fontenay. Fontenay
est un village. Pas Riquewihr, pas Rocamadour, pas Fontenay-sous Bois ni Fontenay-aux-Roses,
pas même Fontenay-sur-Eure, un Fontenay tout court, un simple village posé
sur la route de Bruyères. Ce fut, de tout temps, enfin, dès que
mon père acheta sa première auto, le but des promenades familiales
dominicales que j'ai souvent effectuées en ronchonnant. Aujourd'hui, je
reprends le flambeau. Le village n'a pas changé. Moi si, je découvre
la beauté cachée sous l'ordinaire. Les filles pourront toujours
réécrire ces phrases dans quarante ans. TV.
Paris Saint-Germain - Olympique de Marseille 1 - 3, en direct sur Canal +.
Match important qui marque le début d'une nouvelle ère pour l'arbitrage
: le courant d'air devient source de penalty. LUNDI. TV
1. Le bateau livre (émission littéraire présentée
par Frédéric Ferney, diffusée dimanche sur France 5).
Christine Angot est venue présenter son Rendez-vous, comme elle
l'a fait sur d'autres chaînes ou stations de radio. Effet pervers de la
promotion à outrance : plus on l'entend, moins on a envie de la lire.
TV 2. Weeds (série américaine
de Jenji Kohan, 2005, avec Mary-Louise Parker, Elisabeth Perkins, Kevin Nealon,
Romany Malco; saison 1, épisodes 1 & 2 diffusés le 7 septembre
2006 sur Canal +). Voici une nouvelle série de petit format (épisodes
de trente minutes) présentée partout comme une merveille de subversion
: on y voit en effet une mère célibataire, résidant en banlieue
chic, subvenir aux besoins de sa famille par le trafic d'herbe illicite, les weeds
du titre. On serait tout près à adhérer au projet s'il était
traité avec un peu plus de profondeur, si les personnages avaient un peu
plus d'étoffe. Réduits à des caricatures sommairement mises
en place dans cette ouverture, trop bavards, ces derniers ne possèdent
pas la dimension qui permettrait de s'attacher à leurs faits et gestes
au-delà de ces deux premiers épisodes. C'est un bienfait : après
l'interruption des Soprano, voilà deux soirées qui se libèrent
dans la semaine. MARDI. Vie scolaire.
Alice étrenne son deuxième instituteur. Son prédécesseur
aura tout de même bossé sans interruption plus d'une semaine. On
l'applaudit bien fort. Lecture. Baudelaire
en passant (Didier Blonde, Gallimard, 2003, coll. L'un et l'autre; 192 p.,
16,50 €). On a beau goûter les sommes biographiques définitives
qui font le tour complet d'un auteur, on n'a pas toujours le temps de les ingurgiter.
Si j'ai pu avaler le Joyce d'Ellmann, le Roussel de Caradec, le
Laforgue de Lefrère, le Fallet de Lécureur ou le Perec
de Bellos, m'attendent toujours sur mes étagères, et je ne cite
que les plus urgents, le Nabokov de Boyd, le Rimbaud du Lefrère
précité, le Jarry de Besnier, le Simenon d'Assouline,
le Proust de Tadié et, pour ce qui m'intéresse aujourd'hui,
le Baudelaire de Pichois et Ziegler. Heureusement, pour certains écrivains,
il existe quelques essais périphériques qui, laissant de côté
l'exhaustivité, permettent de découvrir une oeuvre d'un point de
vue original, un peu décalé. Il ne s'agit pas de travaux universitaires,
d'études de détails, mais d'ouvrages qui prennent un angle d'approche
différent. Dans ce domaine, Proust a de la chance : le Comment Proust
peut changer votre vie d'Alain de Botton et le Proust fantôme de
Jérôme Prieur sont des réussites exemplaires. La démarche
de Didier Blonde ressemble d'ailleurs beaucoup à celle de Prieur : partir
à la recherche de son sujet au moyen des lieux et des objets qui en portent
encore la trace. Pour Baudelaire, ça commence au cimetière Montparnasse,
prétexte à une réflexion sur le nom (Dufaÿs, celui de
sa mère, Aupick, Baudelaire ou Beaudelaire), ça se poursuit dans
la maison de santé du docteur Duval où il finit ses jours, puis
dans diverses rues de Paris où il a séjourné, la plupart
du temps de façon très brève. Pas toutes bien sûr,
il y en a trop et, de toute façon, beaucoup ont disparu. Chaque halte est
prétexte à une rencontre avec un ami (Constantin Guys, Nadar, Madame
Sabatier...) ou avec un objet (une photographie, un dessin, un miroir, une malle,
un manuscrit...) à partir duquel Didier Blonde révèle une
facette de Baudelaire. C'est très intelligent, souvent éclairant,
sans pathos inutile (et pourtant, il y a matière), illustré de citations
bien choisies qui font passerelle entre l'homme et l'oeuvre. Extrait. "Il
a habité tantôt en haut, tantôt en bas, de plain-pied ou sous
les toits, près du ciel ou de la rue. Les témoignages contemporains,
ou la tradition orale qui a suivi, ne retiennent, dans la cinquantaine de domiciles
parisiens qu'il a occupés, que des mansardes ou des rez-de-chaussée.
A niveau d'homme ou d'oiseau, la perspective n'est pas la même, on ne voit
pas la ville selon le même point de vue. De près ou de loin, Baudelaire
jette un double regard sur Paris : panoramique ou focalisé, celui du balcon
ou celui du pavé. [...] Et à l'hôtel Voltaire, sur le quai
du même nom [...], le réceptionniste que j'ai interrogé, embarrassé,
s'en est tiré comme M.B. de la rue Frochot : "C'était certainement
en haut, au cinquième", a-t-il répondu après un moment
d'hésitation. Un poète ne peut vivre que dans une mansarde, près
du ciel, la tête dans les nuages, c'est la place que Béranger ou
Murger, ces spécialistes de la bohème, lui assignent."
MERCREDI. TV. Olympique lyonnais
- Real Madrid 2 - 0, en direct sur Canal +. JEUDI. Vie
scolaire. Troisième instituteur pour Alice en moins de deux
semaines. A ce rythme, elle est dans les temps du record détenu par Lucie
avec une bonne douzaine d'officiants pour son année de CE1. VENDREDI.
Presse. La Liberté de l'Est publie mes deux chroniques consacrées
à Hervé Le Tellier et à François Bon, lisibles
ici. Cinéma. Pas de
cinéma. Et ça fait un moment que ça dure. Je n'y suis pas
allé de toutes les vacances en me disant que je remettrais le couvert à
la rentrée. L'an dernier, j'y avais consacré presque tous mes vendredis
soirs, je pensais bien faire de même mais je n'y arrive pas. Depuis le début
du mois, chaque vendredi, je choisis mon film, prépare ma carte d'abonnement,
mes clés d'auto et au dernier moment, je renonce. Je trouve un prétexte,
les devoirs des filles qui prennent plus de temps, un truc à faire dans
le jardin, une notule à ajouter, une chronique à boucler, le temps
passe et il est trop tard. Ouf. Je m'aperçois que je n'avais pas envie
d'y aller. Je cherche des raisons : ce n'est pas la qualité des films,
il y a toujours quelque chose d'intéressant à voir, ce n'est pas
l'éloignement, le cinéma est toujours à la même place
et n'est pas encore le multiplex excentré qu'il est promis à devenir,
ce n'est pas le travail scolaire, qui ne franchit pas la porte du domicile, ce
n'est pas la perspective d'avoir à retourner au collège le lendemain
(un peu plus longtemps à partir de la semaine prochaine où entreront
en vigueur les emplois du temps définitifs distribués aujourd'hui
: il faut savoir que pour l'instant, nous travaillons sous le régime des
emplois du temps provisoires, on a pris soin de nous dire lors de la pré-rentrée
que ceux -ci ne pourraient être amendés qu'après concertation
et consultation des personnes touchées par un changement éventuel
mais si vous avez choisi de limiter au strict nécessaire le commerce avec
vos supérieurs et si vous ne prenez pas leurs bureaux pour votre résidence
secondaire, on se passera très bien de vous pour entériner telle
ou telle modification, ce qui est logique), c'est peut-être, rien que pour
ce soir, le fait de savoir que le SAS joue à domicile vendredi prochain
qui rend vaine l'entame d'une nouvelle série, c'est peut-être la
léthargie occasionnée par l'abus de séries télévisées
tout au long de l'été, c'est plus sûrement la paresse, le
goût du confort domestique qui prend le dessus. Ce n'est pas inhabituel
: mes rapports avec le cinéma ont toujours été marqués
par l'alternance de périodes de boulimie et de périodes d'abstinence
complète. On en reparlera dans quinze jours. TV.
Desperate Housewives (série américaine de Mark Cherry, 2005,
avec Teri Hatcher, Marcia Cross, Felicity Huffman, Eva Longoria, Alfred Woodard,
Nicolette Sheridan, James Denton; saison 2, épisodes 3 & 4, diffusés
la veille sur Canal +). Sûr que ça demande moins d'efforts que
le cinéma... SAMEDI. Vie professionnelle.
Allons bon. Les emplois du temps définitifs d'hier n'auront vécu
que vingt-quatre heures, remplacés qu'ils sont aujourd'hui par une nouvelle
mouture tout aussi définitive. Vivement lundi. TV.
Le Parrain (The Godfather, Francis Ford Coppola, E.-U,
1972 avec Marlon Brando, Al Pacino, James Caan, Robert Duvall, Richard Conte,
Diane Keaton; support DVD/Paramount). La décision de voir enfin ce
film vient bien sûr de la fréquentation prolongée des Soprano
depuis plusieurs mois. Une constatation d'emblée s'impose : à
côté du clan Corleone, la famille Soprano est une bande de bras cassés,
de petites frappes de chef-lieu de canton. Don Corleone, le Parrain, incarne le
mal absolu, le pouvoir divin, c'est une évidence posée dès
la séquence d'ouverture qui le montre recevoir ses solliciteurs dans son
bureau au moment où le mariage de sa fille bat son plein dans le jardin.
Mais les choses commencent à mal tourner pour les Corleone : le Parrain
refuse d'engager sa famille dans le trafic de drogue, il est abattu et son déclin
amène la révélation d'un de ses fils, le moins attendu à
ce poste, Mike (Pacino) qui va prendre les affaires en main, froidement, résolument.
Etendu sur trois heures, le film alterne les réussites techniques (l'interminable
travelling arrière dans la séquence d'ouverture), les scènes
choc (une tête de cheval dans un lit, les pieds d'un étranglé
à travers un pare-brise) et les passages convenus de toute saga familiale
comme le séjour de Mike en Italie, qui donne lieu à des scènes
plutôt mièvres et mal jouées. Bon dimanche. Notules
dominicales de culture domestique n°274 - 24 septembre 2006 DIMANCHE.
Vie familiale. J'accompagne mon père
à Nancy, où il doit être opéré demain en ophtalmologie
à l'Hôpital central, et résiste au retour aux sirènes
de Nancy - Rennes en provenance du stade Marcel-Picot. TV.
Football. Olympique de Marseille - Girondins de Bordeaux 2 - 1, en direct sur
Canal +. LUNDI. TV. L'Avion
(Cédric Kahn, France/Allemagne, 2005 avec Roméo Botzaris, Isabelle
Carré, Vincent Lindon, Nicolas Briançon, diffusé sur Canal
+ en juillet dernier). Avant de mourir dans un accident, un pilote a offert
à son fils une maquette d'avion. L'objet semble doté de pouvoirs
magiques. On apprécie l'éclectisme de Cédric Kahn qui
n'hésite pas à se frotter à différents genres dans
son travail de réalisateur. Il aborde ici le fantastique. La présence
de Gilles Marchand au scénario, réalisateur de Qui a tué
Bambi ? et auteur des films de Dominick Moll, inscrit le film dans une nouvelle
école française bien identifiée, pour laquelle le fantastique
se suffit à lui-même, sans tentative d'interprétation ou de
pédagogie. C'est assez réussi, vaguement inquiétant, mais
inséré dans une histoire familiale plutôt mièvre. On
se lasse vite de la bonne bouille du gosse et des mines effarouchées d'Isabelle
Carré. MARDI. Vie familiale.
L'enthousiasme prometteur dont a fait montre Alice lors des premiers jours d'école
s'est éteint et, suite aux changements de personnel et aux menées
de quelques tyranneaux de cour de récré, a laissé place à
une angoisse désolante et à des pleurs répétés.
Pas facile d'aller bosser toute la semaine après avoir laissé une
fille en larmes aux grilles de l'école. Les encouragements, le réconfort,
puis la fermeté ne changent rien, le sommeil s'enfuit, même ma sieste
y passe, symptôme gravissime. Ce qui ne m'incite guère à sortir
de mon terrier au collège où, de toute façon, les tractations
épicières sur les emplois du temps qui ont occupé la majeure
partie de ces premières semaines m'ont semblé un peu inconvenantes,
pour ne pas dire plus, vis-à-vis de gens qui, dans les mêmes locaux,
ont une charge de travail sans commune mesure avec celle des enseignants, sans
parler de ce que je côtoie ailleurs, y compris sous mon toit. MERCREDI.
Emplettes. J'achète un roman de rentrée,
un polar argentin et, surprise (je n'en trouve habituellement qu'à Paris),
une vieille gravure d'Epinal. Actualité.
"M. Sarkozy a décidé de réagir très vite à
la note du préfet de Seine-Saint-Denis dénonçant la montée
de la délinquance dans son département" (les radios). Il aurait
été plus correct de dire "M. Sarkozy a décidé
de réagir très vite à la divulgation, dans le journal Le
Monde relayé par le reste de la presse, de la note etc." Le courrier
datant du 13 juin, on peut penser que le ministre avait tout le temps de réagir
depuis cette date. Courriel. Je
reçois un message (j'en ai moi-même déjà écrit
de semblables) d'une lectrice qui se dit énervée de la confusion
que je fais (dans ma chronique Le Tellier signalée la semaine dernière
mais il y en a peut-être d'autres occurrences) entre les expressions "mettre
à jour" et "mettre au jour". Ce n'est pas que je sois trouillard
mais je sens que les verbes "exhumer" et "actualiser" vont
apparaître beaucoup plus souvent dans les notules. TV.
Le bateau livre (émission littéraire présentée
par Frédéric Ferney, diffusée dimanche sur France 5).
Joli numéro de Gérard Oberlé, que j'ai croisé à
deux ou trois reprises à Jaligny, à propos de son Itinéraire
spiritueux. Il y dit quelques mots que je ferais volontiers miens sur la mode
compassionnelle de l'époque. JEUDI. Vie
familiale. Lucie a neuf ans aujourd'hui, ce qui ajoute à l'euphorie,
pas seulement scolaire, dont elle fait preuve depuis la rentrée. Ça
nous change de sa cadette. Visitez la maison Didion, terre de contrastes.
Courrier. J'envoie une ânerie contrapétique
au Canard enchaîné ("Robert Hossein nous épate avec les
locations de son Ben Hur"), des aptonymes à AZ, des coupures à
Y et FB, reçois des fascicules d'art édités par Le Monde,
un mot de BG évoquant JMG et un disque du duo Mark Knopfler - Emmylou Harris.
TV. Desperate Housewives (série
américaine de Mark Cherry, 2005, avec Teri Hatcher, Marcia Cross, Felicity
Huffman, Eva Longoria, Alfred Woodard, Nicolette Sheridan, James Denton; saison
2, épisodes 5 & 6, diffusés le soir même sur Canal +).
VENDREDI. Football. SA Epinal
- FC Metz (B) 3 - 0. Franchement, c'est mieux que le cinéma.
SAMEDI. Education à la baguette.
Pour mettre fin aux déboires des uns et célébrer l'anniversaire
des autres, nous croûtons en quatuor dans une gargote asiatique. L'initiative
est moyennement appréciée. Nous ne garderons pas nos ronds de serviette
chez les Viets. Bon dimanche. |