Notules
dominicales de culture domestique n°470 - 5 décembre 2010
DIMANCHE.
Courriel. Quatre demandes d'abonnement
aux notules.
L'art (parfois peu subtil) du contrepet.
Lorsqu'on s'ennuie le dimanche à regarder tomber la neige, on peut
toujours compter sur les programmes de France Culture pour égayer
un peu l'ambiance. Titre de l'émission Tout un monde du
jour : "Les passeurs de Chine".
LUNDI.
Courriel. Une demande d'abonnement
aux notules.
MARDI.
Courriel. Une demande d'abonnement
aux notules.
MERCREDI.
Vie merdicale. J'ai rendez-vous ce
matin à la clinique pour un geste médical qui me laissera
un peu chancelant sans toutefois affecter mon haut rendement professionnel.
Je me pointe à l'heure prévue, sept heures trente, le jour
se lève, la neige craque sous les pneus et les pas. Je m'attends
à faire l'ouverture mais bernique : le parking est plein, la salle
d'attente copieusement garnie, c'est une ruche. Stupeur de voir où
se niche "la France qui se lève tôt" chère
à un de nos hauts dirigeants : la France qui se lève tôt,
elle est à l'hôpital. Ce n'est pas bon signe.
JEUDI.
Epinal - Châtel-Nomexy (et retour). Thérèse
Delpech, L'Appel de l'ombre (Grasset, 2010) et Josie Metcalfe,
Le miracle du millénaire (Harlequin, 1999).
VENDREDI.
Epinal - Châtel-Nomexy (et retour).
Franck Thilliez, Fractures (Pocket, 2010) et Dominique Sylvain,
La fille du samouraï (Points policier, 2010).
SAMEDI.
IPAD. 5 avril 2009. 99 km. (10420
km).

3731 habitants
Le monument,
au flanc de l’église, surplombe une large avenue dont il est séparé
par une esplanade en pente, gazonnée, agrémentée
de cascades. Le groupe sculpté est signé M. (pour Maxime)
Real del Sarte, un grand nom de l’art patriotique (monuments aux morts
de Compiègne, de Chartres, de la Ferme de Navarin, des Eparges
– où il laissa un bras en 1916, statue de Jeanne d’Arc à
Rouen, de Clemenceau à New York, etc.). Il représente un
soldat agonisant dans les bras d’une femme sans doute allégorique
sur fond d’épis de blé dressés. Au dos, un écu
sculpté, probablement les armes de la ville, souligné de
la devise "Fons non fama minor". Le socle massif sert de support
à plusieurs plaques.

A gauche,
dessus :
Souvenir
et reconnaissance
A
nos chers soldats libérateurs
--------------------------
La
ville de Contrexéville
11
septembre 1944
A gauche,
dessous :
La
ville de Contrexéville
A
la mémoire des Français d’outre-mer
Morts
pour la France
Au centre
:
Morts
pour la France
1914-1918
16
noms 15 noms 16 noms
de
COLLIN L. infirmière de GASSEUR J. de RIGOLLOT J.
à
GANGLOFF A. à RENAUDIN M. à VUILLERET L.
1939-1945
9
noms
de
BOULLENGER R.
à
THOMAS M.
Outre-mer
BEURNE
G.
A droite
:
1914-1918
Aux
morts d’Outrancourt
Tombés
au champ d’honneur
Ch.
CAMUS
L.
EMERAUX
J.
RIGOLLOT
E.
THIVET
R.
RENAUD
Ces cinq
noms faisaient déjà partie de la liste centrale. Outrancourt
est un écart de Contrexéville qui n’a pas le statut de commune.
L’église est ouverte. Sur le mur de droite, une plaque de marbre
noir :

In
memoriam
1914-1918
21
noms 21 noms
de
Melle Lse COLIN INFre S.B.M. de H. MILLOT
à
A. MILLOT à P. CAMUS
PIE
JESU DONA EIS REQUIEM
Il y a cinq
noms de moins que sur le monument extérieur, qui pourraient bien
être ceux des citoyens d’Outrancourt. J’ai oublié de vérifier.
L’infirmière s’appelait-elle Colin ou Collin ? Je ne sais si ce
sont les plaques qui diffèrent ou si c’est moi qui me suis trompé
en recopiant l’une ou l’autre.
L'Invent'Hair perd ses poils.

Chénérailles
(Creuse), photo de l'auteur, 27 juillet 2007
Ce salon
ne vaut que s'il est mis en regard avec son équivalent féminin,
par exemple :

Epinal (Vosges), photo de l'auteur, 16 novembre 2007

Xertigny (Vosges), photo de l'auteur, 15 août 2008
Bon dimanche.
Notules
dominicales de culture domestique n°471 - 12 décembre 2010
DIMANCHE.
Lecture. Cold in Hand (John
Harvey, William Heinemann, 2008 pour l'édition originale, Payot
& Rivages, coll. Thriller, 2010 pour la traduction française,
traduit de l'anglais par Gérard de Chergé; 368 p., 20 €).
Ces derniers temps, deux auteurs de polar ont publié les dernières
aventures de leur héros récurrent et emblématique
: Henning Mankell a mis Wallander au rencart et Ian Rankin a rangé
son inspecteur Rebus. Au même moment, John Harvey effectue le mouvement
inverse et ressort du placard Charles Resnick, l'inspecteur de Nottingham
qu'il avait mis en scène dans une dizaine d'enquêtes. On
espère, à la lecture de ce Cold in Hand, que les
collègues suédois et écossais de John Harvey ne le
prendront pas pour modèle. C'est un come back raté, pour
un personnage qui s'est empâté, empoussiéré
et qui se débat ici dans une histoire trop mal fichue pour éveiller
l'intérêt. Il faudrait relire la série en entier pour
en être sûr mais il me semble que le personnage de Resnick
a perdu de sa substance au fil des épisodes et que les meilleurs
volumes étaient définitivement les tout premiers, Coeurs
solitaires, Les étrangers dans la maison surtout. On a du mal
à comprendre la démarche de l'auteur dans la mesure où
la trilogie qu'il avait signée immédiatement après
Resnick, le cycle consacré à Franck Elder, était
de très bonne tenue. Les adieux à la scène peuvent
devenir interminables. On espère que ce ne sera pas le cas pour
Resnick et que John Harvey saura s'en tenir là pour passer à
autre chose.
MARDI.
En feuilletant Livres Hebdo. Gordon
Zola, L'humour pour les nuls, First Editions, 2010, 400 p., 22,90
€
JEUDI.
Epinal - Châtel-Nomexy (et retour).
Guillaume Musso, Je reviens te chercher, XO, 2008. La même
voyageuse lisait, il y a quelques semaines, Anna Karénine
au Livre de poche. Elle doit être dans une phase de repos.
SAMEDI.
IPAD. 3 mai 2009. 130 km. (10550 km).

1694 habitants
Le monument
se trouve sur le côté de l’église. Un Poilu casqué
brandit une palme et une couronne de laurier vers le ciel. A ses pieds,
un compagnon d’armes, tête nue, agonise la main sur sa poitrine.
Le vert des statues est brillant, on les croirait sorties de la cuve à
chewing-gum des Aventures de Rabbi Jacob. Une gerbe a été
déposée sur un petit piédestal ("Cœur de mousse,
fleuriste à Corcieux"), le parterre est planté de pensées
jaunes et de muguet non fleuri. Le gisant est signé J. DECHIN 1919,
la statue de l’homme debout est signée Eug. BENET.

Face,
sur la stèle :
18
noms de
BEJIN
Henri Lieutenant 1916
à
GUIDAT
Eugène id 1916
Face, sur
le socle :
Aux
morts pour la Patrie
1939-1945
1939-1945
20
noms d’ 18 noms de
ANCEL
Jean MANGEONJEAN Charles
à
à
L
HUILLIER René INDOCHINE BEDEL Georges
Droite,
sur la stèle :
18
noms de
BOUDIERE
Henri Sergent 1917
à
MARCOT
Eugène id 1918
Droite,
sur le socle : six palmes dont quatre portant un écusson, de gauche
à droite : Classe 1927 - Souvenir de la classe 1924 – Classe 1928
– Classe 1930 ; un insigne :
Dachau
Congrès
de Vittel 1974
F
Gauche,
sur la stèle :
19
noms de
PETITDEMANGE
Auguste Caporal 1918
à
VILLAUME
Félicien id 1915
Gauche,
sur le socle : 5 palmes écussonnées, dont une cassée
: XXe anniversaire – Combattants volontaires de la Résistance –
A nos aînés cl. 1922 – Hommage des mutilés; une plaque
:
A
nos aînés
Classe
1926
L'Invent'Hair
perd ses poils.

Bellegarde-en-Marche (Creuse), photo de l'auteur, 28
juillet 2007
Bon
dimanche.
Notules
dominicales de culture domestique n°472 - 19 décembre 2010
DIMANCHE.
Lecture. La carte et le territoire
(Michel Houellebecq, Flammarion, 2010; 432 p., 22 €).
On a pu voir l'attribution du Prix Goncourt au dernier roman de Michel
Houellebecq comme un geste d'apaisement, une sorte de gentleman's agreement
entre le monde littéraire et l'écrivain. Un apaisement sensible
aussi bien dans les prises de parole du romancier qui ont accompagné
la promotion de son livre que dans le contenu même de celui-ci.
Au final, pour crier sus à l'usurpateur, il n'y aura donc eu que
Tahar Ben Jelloun, donnant dès lors l'impression d'être en
retard d'une guerre, et quelques autres de moindre renom très fiers
d'avoir relevé dans La carte et le territoire quelques emprunts
à Wikipédia. Révélations aussi assourdissantes
qu'un pétard mouillé dans la trompe acoustique de Tryphon
Tournesol dans la mesure où ces emprunts sont tellement évidents,
et même assumés, qu'ils ne peuvent que faire partie de la
construction du roman. Que celle-ci soit attaquable, c'est une chose que
l'on peut entendre, mais certainement pas sur ce terrain aux dimensions
d'un ridicule confetti. Le Houellebecq apaisé se reconnaît,
littérairement parlant, à un arasement visible du propos
et de l'écriture. Plus de diatribe, plus d'attaque féroce
contre telle personne ou telle société, on entend d'ici
les ronronnements de béatitude émanant du service juridique
de Flammarion. Mais ce n'est pas pour autant que l'auteur abandonne ses
dadas : la place de l'artiste dans la société, le vieillissement,
l'illusion des rapports humains et sociaux constituent toujours son pain
quotidien. Chez Houellebecq, untel ne va pas au boulot, au taf ou au turbin
: il va "jouer son rôle de segment dans un système de
production et d'échange" ou quelque chose comme ça.
Chez Houellebecq, un artiste ne crée pas, il "ajoute de nouveaux
objets, qualifiés d'artistiques, aux innombrables objets naturels
ou artificiels déjà présents dans le monde".
C'est générationnel : dans les années 1970, Houellebecq
fait partie de ceux que l'on croisait le samedi après-midi à
la Fnac les bras chargés des volumes de chez Maspero ou de Gallimard
collection "Idées" qu'ils allaient s'envoyer en infusion
continue pendant le week-end. Forcément, ça laisse des traces.
Le constat serait négatif et la lecture décevante si ce
ressassement thématique et cet affadissement dans le propos n'étaient
compensés par l'apparition d'une arme qu'on ne pensait pas dénicher
dans la panoplie de l'auteur : l'humour. Pour ridiculiser un personnage
public, deux phrases de compliments ironiques s'avèrent beaucoup
plus efficaces qu'une attaque frontale, pour mettre en évidence
une forme de bêtise, un paragraphe faussement enjoué vaut
mieux qu'une harangue. Vous ajoutez à cela une dose d'autodérision
perceptible dans le portrait des deux personnages principaux, un peintre
et un écrivain nommé Michel Houellebecq ("vêtu
d'un pyjama rayé gris qui le faisait vaguement ressembler à
un bagnard de feuilleton télévisé" lors de sa
première apparition), et la chose surgit dans toute son improbable
splendeur : Houellebecq s'amuse. Et amuse son lecteur, le divertit même
au long d'une histoire policière très "à la
manière de" qui occupe la deuxième moitié de
son roman. Alors, le Goncourt ? Si l'on prend cette récompense
pour ce qu'elle est, un fait économique, elle est au final assez
réjouissante : si les 400 pages de Houellebecq permettent à
Teresa Cremisi, la directrice de Flammarion, de publier, sans espoir de
profit financier, les 900 pages d'Entre miens de François
Caradec, alors bravo.
Courriel. Une demande de désabonnement
aux notules.
Une demande d'abonnement aux notules.
Autrement dit, égalisation immédiate. Je m'aperçois
que je reçois avec le même plaisir les demandes de ceux qui
souhaitent rejoindre les notules que les demandes de ceux qui souhaitent
les quitter. La satisfaction de susciter une marque d'intérêt
équivaut parfaitement au soulagement de ne plus paraître
encombrant.
JEUDI.
Lecture. Mortelles voyelles
(Gilles Schlesser, Parigramme, coll. Noir 7.5; 240 p., 14 €).
On remarque fréquemment chez les auteurs de polars français
une espèce de complexe d'infériorité, ou plutôt
une peur d'apparaître comme des auteurs de second rayon, tout juste
bons à torcher une intrigue en rouge et noir propre à occuper
un lecteur pas trop exigeant pendant quelques heures. On sait qu'il n'en
est rien et que les polardeux en valent bien d'autres sur le plan de la
culture littéraire et sur l'art d'en faire bon usage. Cependant,
ce sentiment d'appartenir à une classe inférieure les amène
trop souvent à se sentir obligés de montrer à tout
prix qu'ils en connaissent un rayon, et pas seulement sur les calibres
des soufflants ou les recettes des poisons. D'où ces polars truffés
de références littéraires (de l'exergue aux goûts
de lecture des personnages présentés) ou musicales recherchées,
de préférence hors du commun. Lorsque l'intrigue se déroule
dans le milieu des lettres, c'est encore plus prégnant, témoin
la brève série consacrée Pierre de Gondol, libraire
embarqué dans des énigmes littéraires, dont les aventures
pour initiés tenaient presque de la private joke. Au total,
ce souci de respectabilité aboutit trop souvent à une négligence
de ce qui fait le suc d'un bon polar : une enquête, une histoire,
un truc qu'on n'a pas envie de lâcher. Autant dire qu'on était
un rien méfiant à l'idée d'entamer ces Mortelles
voyelles, une histoire de serial killer surnommé Hamlet
sur fond de sonnet rimbaldien. Le héros s'appelle Oxymor Baulay,
c'est dire. Comme ses confrères, Gilles Schlesser est un type cultivé
et intelligent. Il connaît l'Oulipo, Perec comme tout le monde mais
aussi Jacques Jouet comme un peu moins de monde, il connaît sa rhétorique
bien au-delà de ce que le nom de son héros laisse à
penser, il connaît Paris - c'est la première fois que je
trouve dans un roman la rue Maurice-Bouchor chère à mon
coeur d'enfant, il connaît bien d'autres choses, comme l'histoire
des cabarets des années cinquante - ils ne sont pas nombreux, ceux
qui se souviennent du duo d'humoristes que formaient à l'époque
Philippe Noiret et Jean-Pierre Darras. Il connaît tout cela, ne
se prive pas de le faire savoir mais contrairement à nombre de
ses collègues, il ne se contente pas de cet étalage : l'intrigue
qu'il propose est suffisamment ingénieuse pour être appréciée
par des lecteurs qui ne partagent pas tous les dadas de son auteur. Une
intrigue nerveuse à souhait, sans mauvaise graisse, un suspense
littéraire, certes, mais doublé d'un whodunit classique
et efficace. Une très bonne pioche pour cette collection, sous-titrée
"Les ombres de la ville lumière" lancée par un
éditeur spécialisé dans les choses capitales, et
qui en est à son quatrième numéro.
Citation. "Savez-vous que je possède un exemplaire de La
Disparition dans lequel figure la lettre e ?"
Moi aussi.
VENDREDI.
Vie météorologique.
Il neige. Abondamment. C'est incroyable. On n'avait pas vu ça depuis,
depuis... février dernier. Ce qu'il y a de neuf, c'est une nouvelle
inflation dans les messages d'alerte, orange, rouge, niveau 1, 2, 3, x,
y, z, vigilance, vigilance. Comme le disait mon voisin de comptoir hier,
qui me prenait peut-être pour un compilateur de brèves, qu'est-ce
que ce sera quand les Chinois vont nous attaquer. Pourtant, ce matin,
le journal est dans la boîte à lettres, le boulanger vend
son pain, les bistrots sont ouverts, les trains et les bus roulent, les
autos patinent et les piétons piétinent et pour ce qui est
de la Didionnée, Caroline est dans sa pharmacie, Alice à
l'école, Lucie dans son collège et moi dans le mien. Les
Chinois ? Qu'y z'y viennent.
TV. Au programme des vacances qui
débutent ce soir, l'intégrale des Shadoks en cinq DVD que
je me suis offerte en avant Noël. Le premier épisode, vu ce
soir, celui qui décrit les planètes Shadok et Gibi, me laisse
plié de rire. Je ne sais si mon entourage immédiat me suivra
dans cette aventure au bon goût d'ORTF défunte mais je sens
que je vais m'amuser.
SAMEDI.
IPAD. 8 mai 2009. 108 km. (10658 km).

3826 habitants
Le
monument est situé entre l’église et la Mairie, sur une
grande place où le marché doit s’installer une fois par
semaine. Il pleut des cordes, impossible de prendre des notes sans transformer
mon matériel en boule de pâte à papier. Je mitraille
le monument sous toutes les coutures, je travaillerai à partir
des photos. Il s’agit d’une stèle massive, parallélépipédique,
légèrement surélevée par un tertre recouvert
de morceaux d’écorce et planté de tulipes mauves. Aux quatre
coins, des mâts supportant chacun un écusson et trois drapeaux
tricolores émergent de massifs de cotonéaster et d’un conifère
taillé en boule. Deux gerbes ont été déposées
ce matin, provenant de la maison "A fleur de pot" de Cornimont.

Face
:
Cornimont
A
ses enfants
Morts
pour la France
1914-1918
Soldats
67
noms de 67 noms de
ALBERT
Florian DIRRINGER Joseph
à
à
DIDIER
Louis LAURENT Emile
Officiers
CHEVRIER
Edouard GEIGER Paul
CLAUDON
Emile VALDENAIRE Maurice
CLEMENT
Gaston WEISS Emile
Commandant
IONETT Alfred
Droite : sous un ensemble représentant cinq drapeaux, un fusil,
un casque et d'autres pièces d'armement
Guerre
1939-1945
Morts
au champ d’honneur
11
noms de 9 noms de
CAPRA
Auguste LAXENAIRE André
à
à
LAURENT
Paul ARNOULD Charles
Officiers
BACHELIER Stanislas
CLAUDEL Jacques
CROUVIZIER
Armand ANDOLFATTO Louis
CROUVIZIER
Hubert LAURENT Louis
BACHELIER
Stanislas MOUROT Robert
MANGIN Christian
Morts
en Indochine Morts en Algérie
Gauche :
sous la même composition
Guerre
1939-1945
Fusillés
du Maquis
6
noms de 6 noms de
ALBERT
Etienne MARTIN Camille
à
à
LAHEURTE
Fernand VALENTIN Roger
VUILLEMARD
Georges
BRAVE
Roger GEORGEL Marcel
CAMARD
Emile PIERRAT Hubert
Morts
en déportation
Dos :
Soldats
49
noms de 49 noms de
LAURENT
Emile PERNOT Camille
à
à
PERNOT
Auguste ZELLER Léon
Caporaux
9
noms de 9 noms de
ABEL
Hyacinthe GROSJEAN Alphonse
à
à
GROSDEMANGE
Ernest REMUS Auguste
VOINSON
Emile
Sous-officiers
9
noms de 9 noms de
AUGEROT
Auguste MANGEL Albert
à
à
LABADIE
Honoré VANNCON Joseph
Adjudants
BREITNER
Emile WEISS Maurice
In
memoriam
Offert
par les anciens mobilisés ascendants
Veuves
et orphelins de la guerre
Plusieurs
remarques. LAURENT Emile apparaît deux fois, une fois en queue de
colonne (face) et une fois en tête d’une autre (dos). C’est également
le cas de BACHELIER Stanislas, pour lequel il est plus difficile de croire
à une homonymie. On suppose que Roger BRAVE n’est pas mort comme
un couard. Les deux adjudants portent des noms à consonance germanique.
L’église
est ouverte mais ne contient pas de marque de souvenir. En revanche, il
y a un obélisque dans la cour de l’école maternelle, un
peu plus loin.

Il faut en
faire le tour pour lire ce qui est inscrit sur ses côtés
: "A Jean- Joseph PETIT GENET Né à Cornimont le 29
mai 1756 Mort à Dunkerque le 1er janvr 1847 Officier de la Légion
d’honneur Professeur d’hydrographie à Dunkerque De 1795 à
1840 La commune de Cornimont a élevé ce monument En 1861
/ Furent ses élèves : L’amiral ministre baron ROUSSIN L’amiral
MASSIEU DE CLERVAL Le général baron EVAIN Le général
AUPICK ambassadeur Le général DAULLE Le général
TIRLET Et nombre d’officiers de la Marine française / Décret
impérial Du 28 janvier 1861 M. le baron Ch. DE LA GUERONNIERE Préfet
des Vosges M. DE RAYMOND-CAHUZAC Sous-préfet de Remiremont M. Georges
PERRIN Maire de Cornimont 1861 / A Monsieur Benjamin MOREL De Dunkerque,
ancien député Légataire et ami du professeur La commune
de Cornimont Pour son attachement sincère Et désintéressé
à Mr PETIT GENET". Et voilà comment Cornimont se retrouve
avec un petit côté baudelairien…
L'Invent'Hair perd ses poils.

Nantes (Loire-Atlantique), photo de Marc-Gabriel Malfant, 3 juillet 2007
La syncope,
fort appréciée des merlans qui aiment à substituer
une apostrophe à une lettre, est ici involontaire. Le temps est
aussi créateur d'enseignes.
Bon dimanche.
Notules
dominicales de culture domestique n°473 - 12 décembre 2010
DIMANCHE.
Lecture. Léautaud tel qu'en
moi-même (Serge Koster, éditions Léo Scheer, 2010;
240 p., 18 €).
Compte rendu à rédiger pour Histoires littéraires.
Vie enneigée. Séance
de luge avec les filles à Saint-Jean-du-Marché. C'est la
seule concession que je suis prêt à faire aux sports d'hiver.
MARDI.
Vie radiophonique.
Je l'ai déjà dit, j'écoute la radio la nuit. Cela
fait partie de mes charmes, c'est un des nombreux éléments
qui permettent de mesurer l'abnégation de celles qui partagent
mon existence. Enfin, j'écoute la radio, pas toujours. Disons que
je dors avec la radio allumée à mon côté. Lorsque
je me réveille en cours de nuit pour une raison physiologique ou
autre, je monte un peu le son, j'écoute de quoi ça cause
et la plupart du temps je me rendors, j'aurai tout oublié le lendemain
matin. Sauf lorsque les programmes nocturnes de France Culture donnent
quelque chose de particulièrement intéressant, ce qui est
tout de même assez fréquent vu que les nuits sont consacrées
aux rediffusions d'émissions parfois très anciennes. Des
dramatiques signées René Fallet, des entretiens antiques
avec Raymond Queneau ou Henri Thomas, des déambulations de Barthes
sur les traces de Proust, des hommages à Artaud ou à Raymond
Roussel, des choses qui me font dresser l'oreille. La nuit dernière,
j'ai passé cinq heures avec Jacqueline de Romilly, récemment
disparue. La vieille dame n'était pas mon idole mais l'émission
que Frédéric Mitterrand lui consacra en 2006 - du moins
les bribes saisies entre deux allers retours chez Morphée - était
formidable. Ce fut l'occasion de déplorer la disparition, non de
Jacqueline de Romilly dont on peut sans être inconvenant dire qu'elle
avait fait son temps, mais de Frédéric Mitterrand. J'aimais
beaucoup ses dimanches sur Europe 1 puis ses samedis sur France Culture,
c'était un véritable homme de radio, il avait la voix, l'entregent,
la culture qu'il fallait et il savait tirer le meilleur de ses invités.
Il a préféré les blandices de la Villa Médicis,
puis les ors de la rue de Valois pour lesquels, il le prouve quotidiennement
ou presque, il n'était pas fait. S'il revenait un jour à
la radio, je lui pardonnerais tout.
JEUDI.
Vie gastronomico-coloniale. Je trouve dans le placard un fond de
riz cantonais, un reste de riz indien, je mélange le tout et invente
le riz indochinois.
SAMEDI.
IPAD. 17 mai 2009. 98 km. (10756 km).

Corcieux-Vanémont
n’est pas une commune et ne figure au calendrier des Postes qu’en sa qualité
de gare, située sur le territoire de Vanémont, écart
de La Houssière. Le voyage était donc voué à
l’échec mais se devait d’être effectué, même
avec cette entorse à l’ordre alphabétique qui constituera
le clinamen indispensable à tout travail régi par une contrainte.
L'Invent'Hair perd ses poils.

Barcelonnette (Alpes de Haute-Provence), photo d'Hervé Bertin,
3 juillet 2007
Bon dimanche.
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