Notules dominicales 2010
 
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Notules dominicales de culture domestique n°470 - 5 décembre 2010

DIMANCHE.
Courriel. Quatre demandes d'abonnement aux notules.

L'art (parfois peu subtil) du contrepet. Lorsqu'on s'ennuie le dimanche à regarder tomber la neige, on peut toujours compter sur les programmes de France Culture pour égayer un peu l'ambiance. Titre de l'émission Tout un monde du jour : "Les passeurs de Chine".

LUNDI.
Courriel. Une demande d'abonnement aux notules.

MARDI.
Courriel. Une demande d'abonnement aux notules.

MERCREDI.
Vie merdicale. J'ai rendez-vous ce matin à la clinique pour un geste médical qui me laissera un peu chancelant sans toutefois affecter mon haut rendement professionnel. Je me pointe à l'heure prévue, sept heures trente, le jour se lève, la neige craque sous les pneus et les pas. Je m'attends à faire l'ouverture mais bernique : le parking est plein, la salle d'attente copieusement garnie, c'est une ruche. Stupeur de voir où se niche "la France qui se lève tôt" chère à un de nos hauts dirigeants : la France qui se lève tôt, elle est à l'hôpital. Ce n'est pas bon signe.

JEUDI.
Epinal - Châtel-Nomexy (et retour). Thérèse Delpech, L'Appel de l'ombre (Grasset, 2010) et Josie Metcalfe, Le miracle du millénaire (Harlequin, 1999).

VENDREDI.
Epinal - Châtel-Nomexy (et retour). Franck Thilliez, Fractures (Pocket, 2010) et Dominique Sylvain, La fille du samouraï (Points policier, 2010).

SAMEDI.
IPAD. 5 avril 2009. 99 km. (10420 km).


3731 habitants

Le monument, au flanc de l’église, surplombe une large avenue dont il est séparé par une esplanade en pente, gazonnée, agrémentée de cascades. Le groupe sculpté est signé M. (pour Maxime) Real del Sarte, un grand nom de l’art patriotique (monuments aux morts de Compiègne, de Chartres, de la Ferme de Navarin, des Eparges – où il laissa un bras en 1916, statue de Jeanne d’Arc à Rouen, de Clemenceau à New York, etc.). Il représente un soldat agonisant dans les bras d’une femme sans doute allégorique sur fond d’épis de blé dressés. Au dos, un écu sculpté, probablement les armes de la ville, souligné de la devise "Fons non fama minor". Le socle massif sert de support à plusieurs plaques.

A gauche, dessus :

Souvenir et reconnaissance

A nos chers soldats libérateurs

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La ville de Contrexéville

11 septembre 1944

A gauche, dessous :

La ville de Contrexéville

A la mémoire des Français d’outre-mer

Morts pour la France

Au centre :

Morts pour la France

1914-1918

16 noms 15 noms 16 noms

de COLLIN L. infirmière de GASSEUR J. de RIGOLLOT J.

à GANGLOFF A. à RENAUDIN M. à VUILLERET L.

1939-1945

9 noms

de BOULLENGER R.

à THOMAS M.

Outre-mer

BEURNE G.

A droite :

1914-1918

Aux morts d’Outrancourt

Tombés au champ d’honneur

Ch. CAMUS

L. EMERAUX

J. RIGOLLOT

E. THIVET

R. RENAUD

Ces cinq noms faisaient déjà partie de la liste centrale. Outrancourt est un écart de Contrexéville qui n’a pas le statut de commune. L’église est ouverte. Sur le mur de droite, une plaque de marbre noir :

In memoriam

1914-1918

21 noms 21 noms

de Melle Lse COLIN INFre S.B.M. de H. MILLOT

à A. MILLOT à P. CAMUS

PIE JESU DONA EIS REQUIEM

Il y a cinq noms de moins que sur le monument extérieur, qui pourraient bien être ceux des citoyens d’Outrancourt. J’ai oublié de vérifier. L’infirmière s’appelait-elle Colin ou Collin ? Je ne sais si ce sont les plaques qui diffèrent ou si c’est moi qui me suis trompé en recopiant l’une ou l’autre.

L'Invent'Hair perd ses poils.


Chénérailles (Creuse), photo de l'auteur, 27 juillet 2007

Ce salon ne vaut que s'il est mis en regard avec son équivalent féminin, par exemple :


Epinal (Vosges), photo de l'auteur, 16 novembre 2007


Xertigny (Vosges), photo de l'auteur, 15 août 2008

Bon dimanche.

 

Notules dominicales de culture domestique n°471 - 12 décembre 2010

DIMANCHE.
Lecture. Cold in Hand (John Harvey, William Heinemann, 2008 pour l'édition originale, Payot & Rivages, coll. Thriller, 2010 pour la traduction française, traduit de l'anglais par Gérard de Chergé; 368 p., 20 €).
Ces derniers temps, deux auteurs de polar ont publié les dernières aventures de leur héros récurrent et emblématique : Henning Mankell a mis Wallander au rencart et Ian Rankin a rangé son inspecteur Rebus. Au même moment, John Harvey effectue le mouvement inverse et ressort du placard Charles Resnick, l'inspecteur de Nottingham qu'il avait mis en scène dans une dizaine d'enquêtes. On espère, à la lecture de ce Cold in Hand, que les collègues suédois et écossais de John Harvey ne le prendront pas pour modèle. C'est un come back raté, pour un personnage qui s'est empâté, empoussiéré et qui se débat ici dans une histoire trop mal fichue pour éveiller l'intérêt. Il faudrait relire la série en entier pour en être sûr mais il me semble que le personnage de Resnick a perdu de sa substance au fil des épisodes et que les meilleurs volumes étaient définitivement les tout premiers, Coeurs solitaires, Les étrangers dans la maison surtout. On a du mal à comprendre la démarche de l'auteur dans la mesure où la trilogie qu'il avait signée immédiatement après Resnick, le cycle consacré à Franck Elder, était de très bonne tenue. Les adieux à la scène peuvent devenir interminables. On espère que ce ne sera pas le cas pour Resnick et que John Harvey saura s'en tenir là pour passer à autre chose.

MARDI.
En feuilletant Livres Hebdo. Gordon Zola, L'humour pour les nuls, First Editions, 2010, 400 p., 22,90 € 

JEUDI.
Epinal - Châtel-Nomexy (et retour). Guillaume Musso, Je reviens te chercher, XO, 2008. La même voyageuse lisait, il y a quelques semaines, Anna Karénine au Livre de poche. Elle doit être dans une phase de repos.

SAMEDI.
IPAD. 3 mai 2009. 130 km. (10550 km).


1694 habitants

Le monument se trouve sur le côté de l’église. Un Poilu casqué brandit une palme et une couronne de laurier vers le ciel. A ses pieds, un compagnon d’armes, tête nue, agonise la main sur sa poitrine. Le vert des statues est brillant, on les croirait sorties de la cuve à chewing-gum des Aventures de Rabbi Jacob. Une gerbe a été déposée sur un petit piédestal ("Cœur de mousse, fleuriste à Corcieux"), le parterre est planté de pensées jaunes et de muguet non fleuri. Le gisant est signé J. DECHIN 1919, la statue de l’homme debout est signée Eug. BENET.

 

Face, sur la stèle :

18 noms de

BEJIN Henri Lieutenant 1916

à

GUIDAT Eugène id 1916

Face, sur le socle :

Aux morts pour la Patrie

1939-1945 1939-1945

20 noms d’ 18 noms de

ANCEL Jean MANGEONJEAN Charles

à à

L HUILLIER René INDOCHINE BEDEL Georges

Droite, sur la stèle :

18 noms de

BOUDIERE Henri Sergent 1917

à

MARCOT Eugène id 1918

Droite, sur le socle : six palmes dont quatre portant un écusson, de gauche à droite : Classe 1927 - Souvenir de la classe 1924 – Classe 1928 – Classe 1930 ; un insigne :

Dachau

Congrès de Vittel 1974

F

Gauche, sur la stèle :

19 noms de

PETITDEMANGE Auguste Caporal 1918

à

VILLAUME Félicien id 1915

Gauche, sur le socle : 5 palmes écussonnées, dont une cassée : XXe anniversaire – Combattants volontaires de la Résistance – A nos aînés cl. 1922 – Hommage des mutilés; une plaque :

A nos aînés

Classe 1926

L'Invent'Hair perd ses poils.


Bellegarde-en-Marche (Creuse), photo de l'auteur, 28 juillet 2007

Bon dimanche.

 

Notules dominicales de culture domestique n°472 - 19 décembre 2010

DIMANCHE.
Lecture. La carte et le territoire (Michel Houellebecq, Flammarion, 2010; 432 p., 22 €).
On a pu voir l'attribution du Prix Goncourt au dernier roman de Michel Houellebecq comme un geste d'apaisement, une sorte de gentleman's agreement entre le monde littéraire et l'écrivain. Un apaisement sensible aussi bien dans les prises de parole du romancier qui ont accompagné la promotion de son livre que dans le contenu même de celui-ci. Au final, pour crier sus à l'usurpateur, il n'y aura donc eu que Tahar Ben Jelloun, donnant dès lors l'impression d'être en retard d'une guerre, et quelques autres de moindre renom très fiers d'avoir relevé dans La carte et le territoire quelques emprunts à Wikipédia. Révélations aussi assourdissantes qu'un pétard mouillé dans la trompe acoustique de Tryphon Tournesol dans la mesure où ces emprunts sont tellement évidents, et même assumés, qu'ils ne peuvent que faire partie de la construction du roman. Que celle-ci soit attaquable, c'est une chose que l'on peut entendre, mais certainement pas sur ce terrain aux dimensions d'un ridicule confetti. Le Houellebecq apaisé se reconnaît, littérairement parlant, à un arasement visible du propos et de l'écriture. Plus de diatribe, plus d'attaque féroce contre telle personne ou telle société, on entend d'ici les ronronnements de béatitude émanant du service juridique de Flammarion. Mais ce n'est pas pour autant que l'auteur abandonne ses dadas : la place de l'artiste dans la société, le vieillissement, l'illusion des rapports humains et sociaux constituent toujours son pain quotidien. Chez Houellebecq, untel ne va pas au boulot, au taf ou au turbin : il va "jouer son rôle de segment dans un système de production et d'échange" ou quelque chose comme ça. Chez Houellebecq, un artiste ne crée pas, il "ajoute de nouveaux objets, qualifiés d'artistiques, aux innombrables objets naturels ou artificiels déjà présents dans le monde". C'est générationnel : dans les années 1970, Houellebecq fait partie de ceux que l'on croisait le samedi après-midi à la Fnac les bras chargés des volumes de chez Maspero ou de Gallimard collection "Idées" qu'ils allaient s'envoyer en infusion continue pendant le week-end. Forcément, ça laisse des traces. Le constat serait négatif et la lecture décevante si ce ressassement thématique et cet affadissement dans le propos n'étaient compensés par l'apparition d'une arme qu'on ne pensait pas dénicher dans la panoplie de l'auteur : l'humour. Pour ridiculiser un personnage public, deux phrases de compliments ironiques s'avèrent beaucoup plus efficaces qu'une attaque frontale, pour mettre en évidence une forme de bêtise, un paragraphe faussement enjoué vaut mieux qu'une harangue. Vous ajoutez à cela une dose d'autodérision perceptible dans le portrait des deux personnages principaux, un peintre et un écrivain nommé Michel Houellebecq ("vêtu d'un pyjama rayé gris qui le faisait vaguement ressembler à un bagnard de feuilleton télévisé" lors de sa première apparition), et la chose surgit dans toute son improbable splendeur : Houellebecq s'amuse. Et amuse son lecteur, le divertit même au long d'une histoire policière très "à la manière de" qui occupe la deuxième moitié de son roman. Alors, le Goncourt ? Si l'on prend cette récompense pour ce qu'elle est, un fait économique, elle est au final assez réjouissante : si les 400 pages de Houellebecq permettent à Teresa Cremisi, la directrice de Flammarion, de publier, sans espoir de profit financier, les 900 pages d'Entre miens de François Caradec, alors bravo.

Courriel. Une demande de désabonnement aux notules.
Une demande d'abonnement aux notules.
Autrement dit, égalisation immédiate. Je m'aperçois que je reçois avec le même plaisir les demandes de ceux qui souhaitent rejoindre les notules que les demandes de ceux qui souhaitent les quitter. La satisfaction de susciter une marque d'intérêt équivaut parfaitement au soulagement de ne plus paraître encombrant.

JEUDI.
Lecture. Mortelles voyelles (Gilles Schlesser, Parigramme, coll. Noir 7.5; 240 p., 14 €).
On remarque fréquemment chez les auteurs de polars français une espèce de complexe d'infériorité, ou plutôt une peur d'apparaître comme des auteurs de second rayon, tout juste bons à torcher une intrigue en rouge et noir propre à occuper un lecteur pas trop exigeant pendant quelques heures. On sait qu'il n'en est rien et que les polardeux en valent bien d'autres sur le plan de la culture littéraire et sur l'art d'en faire bon usage. Cependant, ce sentiment d'appartenir à une classe inférieure les amène trop souvent à se sentir obligés de montrer à tout prix qu'ils en connaissent un rayon, et pas seulement sur les calibres des soufflants ou les recettes des poisons. D'où ces polars truffés de références littéraires (de l'exergue aux goûts de lecture des personnages présentés) ou musicales recherchées, de préférence hors du commun. Lorsque l'intrigue se déroule dans le milieu des lettres, c'est encore plus prégnant, témoin la brève série consacrée Pierre de Gondol, libraire embarqué dans des énigmes littéraires, dont les aventures pour initiés tenaient presque de la private joke. Au total, ce souci de respectabilité aboutit trop souvent à une négligence de ce qui fait le suc d'un bon polar : une enquête, une histoire, un truc qu'on n'a pas envie de lâcher. Autant dire qu'on était un rien méfiant à l'idée d'entamer ces Mortelles voyelles, une histoire de serial killer surnommé Hamlet sur fond de sonnet rimbaldien. Le héros s'appelle Oxymor Baulay, c'est dire. Comme ses confrères, Gilles Schlesser est un type cultivé et intelligent. Il connaît l'Oulipo, Perec comme tout le monde mais aussi Jacques Jouet comme un peu moins de monde, il connaît sa rhétorique bien au-delà de ce que le nom de son héros laisse à penser, il connaît Paris - c'est la première fois que je trouve dans un roman la rue Maurice-Bouchor chère à mon coeur d'enfant, il connaît bien d'autres choses, comme l'histoire des cabarets des années cinquante - ils ne sont pas nombreux, ceux qui se souviennent du duo d'humoristes que formaient à l'époque Philippe Noiret et Jean-Pierre Darras. Il connaît tout cela, ne se prive pas de le faire savoir mais contrairement à nombre de ses collègues, il ne se contente pas de cet étalage : l'intrigue qu'il propose est suffisamment ingénieuse pour être appréciée par des lecteurs qui ne partagent pas tous les dadas de son auteur. Une intrigue nerveuse à souhait, sans mauvaise graisse, un suspense littéraire, certes, mais doublé d'un whodunit classique et efficace. Une très bonne pioche pour cette collection, sous-titrée "Les ombres de la ville lumière" lancée par un éditeur spécialisé dans les choses capitales, et qui en est à son quatrième numéro.
Citation. "Savez-vous que je possède un exemplaire de La Disparition dans lequel figure la lettre e ?"
Moi aussi.

VENDREDI.
Vie météorologique. Il neige. Abondamment. C'est incroyable. On n'avait pas vu ça depuis, depuis... février dernier. Ce qu'il y a de neuf, c'est une nouvelle inflation dans les messages d'alerte, orange, rouge, niveau 1, 2, 3, x, y, z, vigilance, vigilance. Comme le disait mon voisin de comptoir hier, qui me prenait peut-être pour un compilateur de brèves, qu'est-ce que ce sera quand les Chinois vont nous attaquer. Pourtant, ce matin, le journal est dans la boîte à lettres, le boulanger vend son pain, les bistrots sont ouverts, les trains et les bus roulent, les autos patinent et les piétons piétinent et pour ce qui est de la Didionnée, Caroline est dans sa pharmacie, Alice à l'école, Lucie dans son collège et moi dans le mien. Les Chinois ? Qu'y z'y viennent.

TV. Au programme des vacances qui débutent ce soir, l'intégrale des Shadoks en cinq DVD que je me suis offerte en avant Noël. Le premier épisode, vu ce soir, celui qui décrit les planètes Shadok et Gibi, me laisse plié de rire. Je ne sais si mon entourage immédiat me suivra dans cette aventure au bon goût d'ORTF défunte mais je sens que je vais m'amuser.

SAMEDI.
IPAD. 8 mai 2009. 108 km. (10658 km).


3826 habitants

Le monument est situé entre l’église et la Mairie, sur une grande place où le marché doit s’installer une fois par semaine. Il pleut des cordes, impossible de prendre des notes sans transformer mon matériel en boule de pâte à papier. Je mitraille le monument sous toutes les coutures, je travaillerai à partir des photos. Il s’agit d’une stèle massive, parallélépipédique, légèrement surélevée par un tertre recouvert de morceaux d’écorce et planté de tulipes mauves. Aux quatre coins, des mâts supportant chacun un écusson et trois drapeaux tricolores émergent de massifs de cotonéaster et d’un conifère taillé en boule. Deux gerbes ont été déposées ce matin, provenant de la maison "A fleur de pot" de Cornimont.

Face :

Cornimont

A ses enfants

Morts pour la France

1914-1918

Soldats

67 noms de 67 noms de

ALBERT Florian DIRRINGER Joseph

à à

DIDIER Louis LAURENT Emile

Officiers

CHEVRIER Edouard GEIGER Paul

CLAUDON Emile VALDENAIRE Maurice

CLEMENT Gaston WEISS Emile

Commandant IONETT Alfred


Droite : sous un ensemble représentant cinq drapeaux, un fusil, un casque et d'autres pièces d'armement

Guerre 1939-1945

Morts au champ d’honneur

11 noms de 9 noms de

CAPRA Auguste LAXENAIRE André

à à

LAURENT Paul ARNOULD Charles

Officiers

BACHELIER Stanislas

CLAUDEL Jacques

CROUVIZIER Armand ANDOLFATTO Louis

CROUVIZIER Hubert LAURENT Louis

BACHELIER Stanislas MOUROT Robert

MANGIN Christian

Morts en Indochine Morts en Algérie

Gauche : sous la même composition

Guerre 1939-1945

Fusillés du Maquis

6 noms de 6 noms de

ALBERT Etienne MARTIN Camille

à à

LAHEURTE Fernand VALENTIN Roger

VUILLEMARD Georges

BRAVE Roger GEORGEL Marcel

CAMARD Emile PIERRAT Hubert

Morts en déportation

Dos :

Soldats

49 noms de 49 noms de

LAURENT Emile PERNOT Camille

à à

PERNOT Auguste ZELLER Léon

Caporaux

9 noms de 9 noms de

ABEL Hyacinthe GROSJEAN Alphonse

à à

GROSDEMANGE Ernest REMUS Auguste

VOINSON Emile

Sous-officiers

9 noms de 9 noms de

AUGEROT Auguste MANGEL Albert

à à

LABADIE Honoré VANNCON Joseph

Adjudants

BREITNER Emile WEISS Maurice

In memoriam

Offert par les anciens mobilisés ascendants

Veuves et orphelins de la guerre

Plusieurs remarques. LAURENT Emile apparaît deux fois, une fois en queue de colonne (face) et une fois en tête d’une autre (dos). C’est également le cas de BACHELIER Stanislas, pour lequel il est plus difficile de croire à une homonymie. On suppose que Roger BRAVE n’est pas mort comme un couard. Les deux adjudants portent des noms à consonance germanique.

L’église est ouverte mais ne contient pas de marque de souvenir. En revanche, il y a un obélisque dans la cour de l’école maternelle, un peu plus loin.

Il faut en faire le tour pour lire ce qui est inscrit sur ses côtés : "A Jean- Joseph PETIT GENET Né à Cornimont le 29 mai 1756 Mort à Dunkerque le 1er janvr 1847 Officier de la Légion d’honneur Professeur d’hydrographie à Dunkerque De 1795 à 1840 La commune de Cornimont a élevé ce monument En 1861 / Furent ses élèves : L’amiral ministre baron ROUSSIN L’amiral MASSIEU DE CLERVAL Le général baron EVAIN Le général AUPICK ambassadeur Le général DAULLE Le général TIRLET Et nombre d’officiers de la Marine française / Décret impérial Du 28 janvier 1861 M. le baron Ch. DE LA GUERONNIERE Préfet des Vosges M. DE RAYMOND-CAHUZAC Sous-préfet de Remiremont M. Georges PERRIN Maire de Cornimont 1861 / A Monsieur Benjamin MOREL De Dunkerque, ancien député Légataire et ami du professeur La commune de Cornimont Pour son attachement sincère Et désintéressé à Mr PETIT GENET". Et voilà comment Cornimont se retrouve avec un petit côté baudelairien…

L'Invent'Hair perd ses poils.


Nantes (Loire-Atlantique), photo de Marc-Gabriel Malfant, 3 juillet 2007

La syncope, fort appréciée des merlans qui aiment à substituer une apostrophe à une lettre, est ici involontaire. Le temps est aussi créateur d'enseignes.

Bon dimanche.

 

Notules dominicales de culture domestique n°473 - 12 décembre 2010

DIMANCHE.
Lecture. Léautaud tel qu'en moi-même (Serge Koster, éditions Léo Scheer, 2010; 240 p., 18 €).
Compte rendu à rédiger pour Histoires littéraires.

Vie enneigée. Séance de luge avec les filles à Saint-Jean-du-Marché. C'est la seule concession que je suis prêt à faire aux sports d'hiver.

MARDI.
Vie radiophonique.
Je l'ai déjà dit, j'écoute la radio la nuit. Cela fait partie de mes charmes, c'est un des nombreux éléments qui permettent de mesurer l'abnégation de celles qui partagent mon existence. Enfin, j'écoute la radio, pas toujours. Disons que je dors avec la radio allumée à mon côté. Lorsque je me réveille en cours de nuit pour une raison physiologique ou autre, je monte un peu le son, j'écoute de quoi ça cause et la plupart du temps je me rendors, j'aurai tout oublié le lendemain matin. Sauf lorsque les programmes nocturnes de France Culture donnent quelque chose de particulièrement intéressant, ce qui est tout de même assez fréquent vu que les nuits sont consacrées aux rediffusions d'émissions parfois très anciennes. Des dramatiques signées René Fallet, des entretiens antiques avec Raymond Queneau ou Henri Thomas, des déambulations de Barthes sur les traces de Proust, des hommages à Artaud ou à Raymond Roussel, des choses qui me font dresser l'oreille. La nuit dernière, j'ai passé cinq heures avec Jacqueline de Romilly, récemment disparue. La vieille dame n'était pas mon idole mais l'émission que Frédéric Mitterrand lui consacra en 2006 - du moins les bribes saisies entre deux allers retours chez Morphée - était formidable. Ce fut l'occasion de déplorer la disparition, non de Jacqueline de Romilly dont on peut sans être inconvenant dire qu'elle avait fait son temps, mais de Frédéric Mitterrand. J'aimais beaucoup ses dimanches sur Europe 1 puis ses samedis sur France Culture, c'était un véritable homme de radio, il avait la voix, l'entregent, la culture qu'il fallait et il savait tirer le meilleur de ses invités. Il a préféré les blandices de la Villa Médicis, puis les ors de la rue de Valois pour lesquels, il le prouve quotidiennement ou presque, il n'était pas fait. S'il revenait un jour à la radio, je lui pardonnerais tout.

JEUDI.
Vie gastronomico-coloniale. Je trouve dans le placard un fond de riz cantonais, un reste de riz indien, je mélange le tout et invente le riz indochinois.

SAMEDI.
IPAD. 17 mai 2009. 98 km. (10756 km).

Corcieux-Vanémont n’est pas une commune et ne figure au calendrier des Postes qu’en sa qualité de gare, située sur le territoire de Vanémont, écart de La Houssière. Le voyage était donc voué à l’échec mais se devait d’être effectué, même avec cette entorse à l’ordre alphabétique qui constituera le clinamen indispensable à tout travail régi par une contrainte.

L'Invent'Hair perd ses poils.


Barcelonnette (Alpes de Haute-Provence), photo d'Hervé Bertin, 3 juillet 2007

Bon dimanche.