Notules
dominicales de culture domestique n°437 - 7 mars 2010
DIMANCHE.
Mise à jour. Mise en ligne
de ma chronique du livre de Michel Arrivé, Un
bel immeuble, parue dans Vosges Matin du 25 février.
LUNDI.
Epinal - Châtel-Nomexy (et retour).
Comment pense une personne autiste ? de Peter Vermeulen aux éditions
Dunod.
Lecture. La Nuit glaciale du Kaamos
(Snow Angels, James Thompson, WSOY, Finlande, 2009 pour la première
édition, Balland, coll. Policier, 2009 pour l'édition française,
traduit de l'américain par Christine Bouchareine; 320 p., 22,90
€).
James Thompson est un auteur américain installé en Finlande
depuis plusieurs années. Il a choisi ce pays pour y situer une
enquête menée par un policier attaché à la
brigade d'un petit village de Laponie. Quelques notations rapides sur
les conditions de vie locales, la température, la longue nuit polaire
(le fameux "kaamos") et ses conséquences (dépression,
alcoolisme) servent de cadre à une histoire de meurtre qui ne présente
pas grand intérêt. Le récit mené au présent,
à l'aide de phrases courtes, aligne une série de rebondissements
totalement artificiels et invraisemblables. La caution de Michael Connelly
placée en couverture ("James Thompson a réalisé
un travail de maître") semble totalement incongrue. Décidément,
les tentatives des éditions Balland pour accompagner la vague du
polar nordique (Aino Trosell, Ann B. Ragde) ne sont guère convaincantes.
Une certitude : on ne risque pas de confondre ce James avec Jim Thompson.
MARDI.
Vie immobilière. Ces deux dernières
années, j'avais supporté assez facilement la traditionnelle
assemblée générale des copropriétaires de
l'immeuble, trouvant même un certain attrait à y retrouver
les types présentés dans un film mineur mais assez bien
senti, Mille millièmes (Rémi Waterhouse, 2002). Cette
fois, j'avoue avoir un peu plus de mal : la mémère qui pousse
des jérémiades pour avoir trouvé un mégot
dans les escaliers, le vieux beau qui sait tout, le pointilleux qui épluche
tout et rallonge la séance d'une bonne demi-heure, l'idiote richissime
qui possède tellement de biens immobiliers qu'elle croit assister
à une réunion concernant une autre copropriété,
le syndic qui a réponse à tout pour noyer les poissons qu'on
lui présente m'ont ce soir furieusement couru sur le haricot. L'année
prochaine, c'est décidé, je délègue.
En feuilletant Livres Hebdo. Sylvain
Courtoux, Vie et mort d'un poète de merde, Al Dante, 32
p., 19 €, ainsi présenté : "Dénonciation
des codes régissant le milieu de l'édition". On ne
sait si figure au sein des codes dénoncés le fait de vendre
19 € un ouvrage de 32 pages au titre si alléchant.
MERCREDI.
Football. SA Epinal - FC Mulhouse
1 - 1.
SAMEDI.
Lecture. Le Correspondancier du Collège
de 'Pataphysique. Viridis Candela, 8e série, n° 7 (15 mars
2009, 144 p., 15 €).
Le décervelage sous toutes ses formes est à l'honneur dans
ce numéro. Jarry y est bien sûr célébré
pour sa machine à décerveler et ses apparitions dans le
cycle d'Ubu mais le décervelage hors des livres est également
traité avec un remarquable panorama merdical établi par
Pascal Bouché. Celui-ci présente des figures aussi essentielles
que celle du Dr Freeman, "le Mozart de la lobotomie", inventeur
d'une espèce de pic à glace idéal pour pratiquer
la lobotomie préfrontale sans anesthésie, une variante de
médecine douce qui fit des ravages dans les asiles d'aliénés
américains. Réceptacle des nourritures célestes,
la cervelle peut aisément se transformer en nourriture terrestre
et selon Claude Gudin, "il serait bon de s'habituer dès maintenant
à la cervelle humaine et de laisser la leur aux moutons et aux
vaches, cervelle qui est sans intérêt et dangereuse à
cause des prions qu'elle véhicule. C'est dans cette optique que
le Collège de 'Pataphysique, soucieux de son avenir, commence à
étudier les aspects culinaires et la gastronomie de la cervelle
humaine." On trouve d'ailleurs page 43 une recette spéciale
à base de cervelle de bagnards morts à Cayenne qui fit,
paraît-il, les délices de l'administration pénitentiaire
locale. Gérard Berry étudie le fonctionnement cérébral
des Shadocks, Pascal Varejka présente l'excellent Dr Huges, auteur
d'une auto-trépanation réalisée à la perceuse
électrique, et vante les délices du décervelage écologique
un temps en vigueur aux Indes où l'on se plaisait à faire
écrabouiller la tête des condamnés, posée sur
un billot, par un éléphant. Bien d'autres choses encore
dans un dossier très riche qui fait de ce numéro un des
meilleurs de ces derniers temps.
"Bart
Huges trepanning himself", 1965. Photo Cor Jaring.
"Je
me sens comme lorsque j'avais quatorze ans", Bart Huges après
son opération.
IPAD. 18 janvier 2008. 61 km. (7381
km).

3384 habitants
Le monument
est situé sur une place bien dégagée. Le Poilu, complètement
vert-de-grisé, porte une oriflamme. Derrière la stèle,
une rangée de boulets de canon. A son pied, une gerbe sculptée
et le mot PATRIE.

Face :
Aux
enfants de Bruyères morts pour la France
1914 – 1918
Droite :
26
noms d’AMET René Marie à GUITTARD Albert
En bas,
un bloc de marbre a été ajouté :
1939
– 1945 Militaires
10
noms de ZERBINI Louis à GEOFFROY Fernand (colonne de gauche)
10
noms de CHONAVEY Michel à VOUAUX Raymond (colonne de droite)
Sur les
côtés, on a ajouté les noms des victimes AFN :
QUINTIN
Jean
PETITJEAN
Jacques
ROHR
Jean
Dos :
27
noms de HENRY Louis Georges à MAGNIER Alphonse
Sur le bloc
:
1939
– 1945 Déportés
9
noms de BERNARD Henri à PAYEUR Paul (colonne de gauche)
9
noms de PECHEUR Georges à WEILL Michelle qui clôt une série
de 6 WEILL (colonne de droite)
Gauche :
26
noms de MOURANT François le bien nommé à RAVON Henri
1939
– 1945 Victimes civiles
Sur le bloc
:
12
noms d’ANCEL Albert à GACHENOT Marcel (colonne de gauche)
13
noms de GAILLARD Paul à NOURDIN Hubert (colonne de droite)
Au dos de
la statue, la signature du sculpteur se devine mais l’éloignement
la rend difficilement lisible : Fontaine, Fontanne peut-être.
L'Invent'Hair perd ses poils.

Narbonne (Aude), photo de Marc-Gabriel Malfant, 27 juin 200
On a déjà
rencontré un Planet Hair, sans apostrophe, à Montbéliard
(388).
Bon dimanche.
Notules
dominicales de culture domestique n°438 - 14 mars 2010
LUNDI.
Epinal - Châtel-Nomexy (et retour). Jimmy
the Kid de Donald Westlake chez Rivages.
MARDI.
En feuilletant Livres Hebdo. Pierre
Prenez & Claire Séverac, Ici Claude François, Alphée/Jean-Paul
Bertrand, 371 p., 21, 90 €, ainsi présenté : "Des
témoignages de proches du chanteur, d'artistes l'ayant côtoyé,
des fans, sont rassemblés avec des messages de C. François
émis de l'au-delà et reçus par des médiums."
Transports. "Avions ravitailleurs américains :
EADS renonce" (Le Monde). EADS fait bien. L'avenir de l'homme
est dans la brouette. On parlera ici prochainement des Causeries brouettiques
du marquis de Camarasa mises à l'honneur dans les Cahiers
de l'Institut mais en attendant, ceux qui s'intéressent à
ce moyen de transport peuvent graisser leur moyeu pour se rendre à
temps au colloque "Causeries brouettiques, brouettes, fous littéraires,
bibliothèques imaginaires" qui se tiendra à Limoges
le 1er avril prochain et où la notulie sera représentée.
Programme détaillé sur demande.
MERCREDI.
Courriel. Une demande de désabonnement
aux notules.
Lecture. L'Education sentimentale
(Gustave Flaubert, Lévy, 1869; rééd. Gallimard
in Oeuvres II, Bibliothèque de la Pléiade n° 37, 1952,
texte établi et annoté par A. Thibaudet et R. Dumesnil;
1056 p., s.p.m.).
C'est ma troisième lecture de L'Education sentimentale.
La première était une lecture de découverte, la deuxième
destinée à retrouver les fragments du roman repris par Perec
dans La Vie mode d'emploi et la troisième... Je ne sais
trop, il y a à la fois le besoin de me rafraîchir la mémoire
avant d'entreprendre le récent Flaubert de Pierre-Marc de
Biasi, le désir d'accompagner ma lecture continue de la Correspondance,
et puis l'envie, tout simplement, puisque toutes les entreprises de relecture
que j'effectue se révèlent toujours bénéfiques.
Non que L'Education sentimentale soit un chef-d'oeuvre, c'est un
livre mal fichu, plein des va-et-vient pesants de Frédéric
Moreau entre ses maîtresses potentielles, bourré de micro-événements
économiques et de considérations politiques auxquels on
ne comprend goutte. Mal fichu, certes, "convenu" et "balourd"
peut-être, parfois, comme le dit Thierry Beinstingel dans une de
ses récentes feuillesderoute.
Car c'est aussi un peu à cause de ce billet de Thierry Beinstingel
que j'ai eu l'idée de revenir au roman. A cause d'une réflexion
sur une phrase tirée de la scène de rencontre entre Frédéric
et Mme Arnoux et à propos de laquelle je me permettrai d'exprimer
un amical désaccord : "C’est sans doute difficile à
expliquer, je cite Beinstingel, mais je ne pourrais jamais écrire
une telle phrase sans rigoler, sans avoir l’impression d’être un
imposteur, de prendre le lecteur pour un gogo, bref, de lui manquer de
respect. Je trouve cette phrase de mauvais goût, comme un petit
taureau en plastique marqué souvenir d’Espagne et posé
sur la télévision, c’est ainsi." Ce qui m'apparaît,
à la lumière de cette relecture, c'est que Flaubert lui-même
n'a pas pu écrire la phrase en question, ni toutes les autres,
sans rigoler et, partant, souhaiter que son lecteur se joigne à
la rigolade. L'Education sentimentale est un jeu de massacre, un
dézingage consciencieux de tous les personnages, de leurs vies,
de leurs rêves, de leurs opinions. Ce n'est certainement pas une
réflexion neuve mais c'est un sentiment qui devient plus évident
à chaque plongée dans le livre. Il n'y a pas de taureau
en plastique mais "des statues en plâtre, Hébés
ou Cupidons tout gluants de peinture à l'huile", une vieille
féerie dont "la scène représentait un marché
d'esclaves à Pékin, avec clochettes, tam-tams, sultanes,
bonnets pointus et calembours", des conversations d'une nunucherie
accomplie ("Souvent, celui des deux qui écoutait l'autre s'écriait
: Moi aussi ! Et l'autre à son tour reprenait : Moi aussi !"),
un festival interminable de niaiseries et de ridicules. Flaubert règle
son compte à sa jeunesse et sort l'artillerie lourde. Pas de nostalgie,
rien que du sarcasme. Il ricane, le bourgeois de Croisset, ne quittant
la charge que pour les morceaux de bravoure stylistiques qu'il affectionne
et faire admirer sa phrase. A part ça, quoi de neuf dans cette
relecture ? Un plagiat par anticipation de Proust ("Bien qu'il connût
Mme Arnoux davantage (à cause de cela peut-être), il était
encore plus lâche qu'autrefois" qui copie "les quoique
sont toujours des parce que méconnus" de la Recherche)
et surtout deux phrases qui ne pouvaient laisser indifférent le
responsable de l'Invent'Hair : "C'est peut-être une
idée de coiffeur que j'ai eue ?" et, au moment où Frédéric
se présente chez Rosannette, l'accueil de celle-ci : "Ah :
pardon, Monsieur ! Je vous prenais pour le coiffeur." Flaubert n'aimait
pas les coiffeurs. Non plus.
JEUDI.
Lecture. Enigmes littéraires
spectaculaires (Stéphanie Bouvet, Marabout, 2010, coll. Jeux
n° 5421; 160 p., 3,90 €).
Compte rendu à rédiger pour Histoires littéraires.
VENDREDI.
Courriel. Une demande d'abonnement
aux notules.
SAMEDI.
IPAD. 27 janvier 2008. 115 km (7496
km).

1398 habitants
Le monument
est sur une place dégagée. Il est bien entretenu : les lettres
d'or sont brillantes, la terre autour des plantes peintes qui le jouxtent
fraîchement remuée.

Face :
Aux
enfants de Bulgnéville morts pour la France
1914
– 1918
BRISSON
Emile
CHEBION
Emile
COLLIN
Gustave
DELARUE
Adolphe
FRENOT
Charles
GUIDET
Louis
LAMONTAGNE
Louis
LAVALLEE
Jean
MARTIN
Charles
ROBERT
Marcel
TAVERNET
Gustave
PHILIPPE
Pierre
A
la base, une plaque de marbre blanc, vissée :
A
la mémoire de Mme Juliette MENETEAU
De
son gendre Mr Gustave DELERIS percepteur à Bulgnéville
Chef
de groupe FFI
Torturés
et assassinés par les Allemands le 30 août 1944
De
Mr Henri GUILLEMAUT chef de secteur FFI
Déporté
au camp de Neuengamme
Mort
au camp de Sandbostel
Morts
pour la France !
Droite :
CARET
Henri
CIROT
Rodolphe
COLSON
Emile
DUPERREIN
Alphonse
GAILLARD
Antoine
HUGO
René
LAPREVOTTE
Louis
LEVVI
Henri
PICARD
Camille
ROBIN
Paul
ROBIN
René
TURQUET
Paul
Base
:
1939
– 1945
COLLIN
René
GALLAND
Maurice
BAYER
Martin
Gauche
:
BEAUDINET
Charles
CHAUDY
Jules
CLASQUIN
Maurice
CLASQUIN
Louis
FELISSE
Henri
GAUDEL
Jules
JOIGNY
Joseph
LAUMONT
Paul
LUTTENBACHER
Léon
PIERRON
Paul
SIMONIN
André
TOCQUART
Emile
A côté, une stèle :
UNC
AFN UDC Vosges
Aux
combattants d’Afrique du Nord du canton de Bulgnéville
Morts
pour la France
VAUDONCOURT
CEVALTE André le 1er décembre 1959
BULGNEVILLE
BAYER Martin le 3 mai 1960
VRECOURT
JACQUOT Philippe le 19 février 1962
1952
– 1962
Il y eut
donc deux Martin Bayer de Bulgnéville tués dans deux conflits
différents, père et fils peut-être.
L'Invent'Hair perd ses poils.

Illustration
tirée d’Une oreille de chien de Nathalie Quintane avec des illustrations
de Nelly Maurel,
livre édité par les éditions du Chemin de fer, transmise
par Caroline Leboucq
Il est à
noter qu'aucune des enseignes proposées sur cette page n'a encore
été rencontrée dans la réalité, du
moins sous l'orthographe présentée (il y eut un Antiqu'Hair
dans le n° 358).
Bon dimanche.
Notules
dominicales de culture domestique n°439 - 21 mars 2010
DIMANCHE.
Lecture. Cancer du Capricorne (Jean-Jacques
Busino, Payot & Rivages, coll. Rivages, 2010; 192 p., 18 €).
Compte rendu à rédiger pour Vosges Matin.
Itinéraire patriotique départemental.
Le monument aux morts de Dolaincourt est enregistré.
TV. Soirée électorale.
Il fut un temps où ce genre de programme m'intéressait davantage
mais je me laisse faire. Les vainqueurs s'efforcent de ne pas trop plastronner,
les vaincus essaient de minimiser leur déroute, la pièce
a déjà été jouée cent fois avec des
costumes différents. A droite, Xavier Bertrand, chef de parti,
et Frédéric Lefebvre, porte-parole du même, sont à
leur poste, nient l'évidence et ânonnent consciencieusement
le fade argumentaire qu'on leur a commandé de servir. C'est leur
rôle, ils sont là pour ça, rien à dire. C'est
plus gênant quand ils sont rejoints par Luc Chatel qui en remet
une couche avec la même mauvaise foi. Luc Chatel, c'est le ministre
de l'Education nationale, celui qui est au premier rang pour incarner
les valeurs que je dois servir dans mon métier, définies
par Nicolas Sarkozy dans sa Lettre aux éducateurs (en un
mot, ma Bible) de septembre 2007 : "Récompenser le mérite,
sanctionner la faute, cultiver l'admiration de ce qui est bien, de ce
qui est juste, de ce qui est beau, de ce qui est grand, de ce qui est
vrai, de ce qui est profond, et la détestation de ce qui est mal,
de ce qui est injuste, de ce qui est laid, de ce qui est petit, de ce
qui est mensonger, de ce qui est superficiel, de ce qui est médiocre."
Petit, mensonger, superficiel, médiocre. Si d'aventure j'avais
eu le moindre soupçon d'estime pour ce monsieur, il n'en resterait
plus grand-chose aujourd'hui.
Lecture. Un an dans un tiroir (Pierre
Bost, Gallimard, 1945, rééd. Le Dilettante, 2010; 128 p.,
14 €).
Compte rendu à rédiger pour Vosges Matin.
MARDI.
Courriel. Une demande d'abonnement
aux notules.
En feuilletant Livres Hebdo. Philippe
Dupuis, Gérer un cimetière, Territorial, 139 €.
MERCREDI.
Football. SA Epinal - Olympique Noisy-le-Sec
Banlieue 93 1 - 1.
JEUDI.
Lecture. Teckel (Les Contrebandiers
Éditeurs, n° 4, hiver 2009; 96 p., 10 €).
Revue de "Folies littéraires".
On n'y croyait plus : quatre années séparent ce numéro
4 de la précédente livraison de Teckel. Le personnel n'a
pas changé (Francis Mizio, Christian Dufour, Rémi Schulz...)
et c'est toujours Jean-Bernard Pouy qui mène la meute. Cependant,
la joie des retrouvailles ne parvient pas à empêcher un léger
sentiment de déception à la lecture de ces pages : on a
l'impression, pour ne pas dire la certitude, que chacun des auteurs a
déjà fait mieux. Les folies littéraires sont devenues
folies douces, douceâtres parfois. Contentons-nous donc de citer
ce qui sort un peu du lot : "Fondements pour une métaphysique
des cycles" d'Ernest Vanoorenberghe qui présente Tantale,
Ixion, Prométhée et Sisyphe comme les précurseurs
du cyclisme moderne et "Déjà midi et toujours pas de
nègres" de Rémi Schulz qui louvoie entre Agatha Christie,
Ellery Queen et Perec. On espère tout de même ne pas avoir
à attendre des années avant le prochain numéro et
que d'ici là, Teckel aura repris du poil de la bête.
VENDREDI.
Epinal - Châtel-Nomexy (et retour). L'Ombre
du vent de Carlos Ruiz Zafon au Livre de poche.
SAMEDI.
Courriel. Une demande d'abonnement
aux notules.
Football. SA Epinal - Jeanne d'Arc
Drancy 0 - 2.
IPAD. 3 février 2008. 49 km
(7545 km).

296 habitants
Le monument
se dresse à la porte de l’église. Le Poilu porte un fusil
prolongé par une baïonnette très fine. La plaque tricolore
RF masque l’inscription 1914 – 1919. Sur le côté, une jardinière
de fleurs qui doit dater du 11 novembre. La statue est signée Ch.
POURQUET sculpteur Paris 1919.

La
commune de Bult à ses enfants
Morts
pour la France
Erigé
par les habitants en 1920
FORTERRE
Jules
MANGEOLLE
Jules
PAQUIN
Victor
1939
– 1945
BUFFARD
René
PAQUIN
Marcel
ANXIONNAT
Georges 1956 T.O.F.
L'Invent'Hair perd ses poils.

Villefranche-sur-Saône, photo de Marc-Gabriel Malfant, 28 novembre
2006
Bon dimanche.
Notules
dominicales de culture domestique n°440 - 28 mars 2010
DIMANCHE.
Itinéraire patriotique départemental.
Le monument aux morts de Dombasle-devant-Darney est enregistré.
Courriel. Une demande d'abonnement
aux notules.
Lecture. Hiver (Midvinterblod,
Mons Kallentoft, Natur och Kultur, Suède, 2007, Editions du Rocher/Le
Serpent à Plumes, coll. Serpent Noir, 2009 pour la traduction française,
traduit du suédois par Max Stadler et Lucile Clauss, 494 p., 24
€).
Après la vague des grosses pointures, Mankell, Indridason, Larsson
et consorts, on voit surgir désormais, chez tous les éditeurs,
le peloton des suiveurs dans la catégorie polar en moufles. Mons
Kallentoft n'apparaît pas comme le plus mauvais du lot avec ce premier
roman traduit qui met en scène Malin Fors et ses collègues
de la brigade criminelle d'Ostergötland. La découverte d'un
cadavre nu pendu à une branche d'arbre les amène à
fouiller le passé d'une famille de marginaux qui abrite peut-être
le meurtrier. C'est la peinture de ce milieu qui constitue le meilleur
du livre dans la mesure où l'on assiste aux agissements de déclassés
dont la Suède semblait a priori dépourvue. Le clan en question
fait plutôt penser à un ramassis de hillbilles du Tennessee
échappés d'un roman de Jim Thompson. Les autres aspects
de l'histoire, une échappée du côté du culte
des Ases pour faire couleur locale entre autres, et les démêlés
de l'héroïne avec la fille qu'elle élève seule,
comme toute bonne enquêtrice de polar, sont beaucoup plus convenus.
LUNDI.
Epinal - Châtel-Nomexy (et retour).
La Musique du hasard de Paul Auster chez Actes Sud.
MARDI.
En feuilletant Livres Hebdo. Josh
Richman, Anish Sheth, Tébo, In pipi veritas, Glénat, 48
p., 7,50 € ainsi présenté : "Démystifie
les mécanismes urinaires et démontre la quantité
d'informations sur la santé d'un individu qu'apporte l'analyse
de son urine. Fait suite à In caca veritas".
Phil Mason, Les hémorroïdes de Napoléon... et toutes
ces petites histoires qui ont fait la grande, l'Opportun, 224 p.,
14,90 €.
Serge Ciccotti, Pourquoi les gens ont-ils la même tête
que leur chien ?, Dunod, 240 p, 17,50 €.
Mick O'Hare, Comment fossiliser son hamster et autres expériences
épatantes à faire chez soi, Points Sciences, 192 p.,
6,50 €.
Epinal - Châtel-Nomexy (et retour).
Personne n'est parfait de Hirotada Ototake au Livre de poche et
Physiologie animale (tome 1 : "Les cellules dans l'organisme",
avec schémas complexes) de Michel Rieutort chez Masson.
MERCREDI.
Epinal - Châtel-Nomexy (et retour).
La première nuit de Marc Levy chez Robert Laffont et Vers
un théâtre pauvre de Jerzy Grotowski aux éditions
L'Âge d'Homme.
JEUDI.
Epinal - Châtel-Nomexy (et retour).
La Traque du mal de Guy Walters chez Flammarion.
Histoire d'Armelle. Voilà,
il n'y a qu'à l'appeler Armelle. Armelle est une cliente de la
pharmacie, une fidèle, une assidue. C'est elle qui se charge de
l'approvisionnement médicamenteux pour sa famille et elle passe
souvent le seuil de l'officine, non sans s'être consciencieusement
essuyé les pieds sur la bouche d'égout qui se trouve devant
la porte. On ne sait si elle aime venir mais elle aime rester, s'installe
dans le coin aménagé pour les enfants où elle parcourt
les livres et albums qui sont mis là à leur disposition.
Je ne dis pas qu'elle les lit, je ne sais pas si Armelle sait lire. Compter,
elle ne sait pas, ça se remarque vite au comptoir, mais lire, c'est
difficile à dire. Pourtant Armelle est allée à l'école
du quartier, la même que les filles, celle dont le fronton indique
Ecole enfantine, je n'en connais qu'une autre possédant
cette appellation dans le département. En tout cas, si elle ne
sait pas lire, Armelle connaît bien les livres et elle râle
quand certains traînent depuis trop longtemps. Les filles sont chargées
du réassort, cette semaine, elles ont viré les Franklin
et mis des Caroline à la place, Armelle sera contente. Armelle,
sur le plan de la lecture et sur bien d'autres, est restée au stade
de l'enfance. Je ne sais pas comment dire ça autrement, Fallet
aurait dit qu'elle est bredine, il y a d'autres mots mais aujourd'hui
on préfère les périphrases, comme si celles-ci pouvaient
adoucir les maux qu'elles recouvrent. Armelle a travaillé jusqu'à
une époque récente, dans un atelier protégé.
Elle vit avec ses parents. Pour eux, pas besoin de périphrases
: sa mère est à moitié aveugle et son père
est complètement sourd. Un trio de choc. On les imagine devant
la télé, l'un pour les images, l'autre pour les paroles
et la troisième pour on ne sait quoi. En tout cas, ils tiennent
debout, ils s'épaulent, chacun est la béquille de l'autre.
Ils habitent une petite maison, au-dessus de la pharmacie, dans ce qui
reste des cités de l'usine d'en face, celle devant laquelle on
repeint chaque année les bandes du passage protégé
alors que le dernier ouvrier en a passé la porte en 1986. Le père
d'Armelle travaillait à l'usine, dire qu'il a eu les oreilles fracassées
par le bruit des métiers à tisser ajouterait une petite
touche zolienne à l'histoire mais il était contremaître,
il n'était pas au front. Hier, Armelle est venue à la pharmacie.
Pas de chance, elle avait oublié l'ordonnance. Elle a eu beau fouiller,
retourner son sac, pas moyen de mettre la main dessus. Caroline l'a reconduite
chez elle. Elle était désemparée : "Maman va
me gronder." Armelle a soixante-dix ans, sa mère quatre-vingt-onze,
son père quatre-vingt-dix-sept. Quand ces deux-là partiront,
on ne sait pas ce que deviendra Armelle.
SAMEDI.
IPAD. 17 février 2008. 123
km (7668 km).

1676 habitants
Le
monument se trouve devant la gare, désaffectée, qui a conservé
un beau fronton (Chemin de fer) et de beaux dessus-de-porte (Sous-chef
de gare, Bagages et messageries, Chef de gare, 1ère et 2e classe,
3e classe). Le monument est fait de blocs de pierre empilés au
centre d'un parterre circulaire recouvert de morceaux d'écorce.

Face
:
Aux
morts pour la Patrie
1914
– 1918
8
noms de ANHEIM Nicolas Louis à BOURGOIN Paul
8 noms de BRESSON Jean Bte Ferdinand à CLAUDEL Emile
1939
– 1945
47
noms sur trois colonnes de ANTOINE Georges à MULLER Pierre
Droite :
16
noms de CLAUDEL Joseph Auguste à COME Joseph
15
noms de FLAGEOLLET Gaston à GROSJEAN Auguste Hte
Dos :
16
noms de HANS Maurice à LAMBOLEY Henri
16
noms de MARTER Gaston à PARMENTIER Gustave (9 PARMENTIER au total)
Gauche :
15
noms de PIAT François à VANNSON Louis
15
noms de VANNSON Henri à POTTECHER Jean
Guerre
d’Indochine 1946 – 1954
PARMENTIER
Aimé
VANNSON
Julien Constant
Bussang
est la dernière commune en B du département.
L'Invent'Hair perd ses poils.

Fraize (Vosges), photo de Bernard Visse, 6 août 2007
Bon
dimanche.
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