Notules dominicales 2011
 
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Notules dominicales de culture domestique n°492 - 5 juin 2011
 
DIMANCHE.
                  Vie littéraire. Je boucle le Bulletin de l'Association Georges Perec n° 58.
 
                  Lecture. Les neuf dragons (Nine Dragons, Michael Connelly, Little, Brown & Company, New York, 2009 pour l'édition originale; Le Seuil, coll. Policiers, 2011 pour la traduction française, traduit de l'américain par Robert Pépin; 416 p., prix masqué).
                               S'il y a une catégorie de personnes qui n'ont pas été surprises par les implications judiciaires de l'affaire Strauss-Kahn, c'est bien celle des lecteurs de Michael Connelly. Cela fait un bon moment que ce romancier décortique la justice américaine en s'appuyant sur son passé de chroniqueur judiciaire au Los Angeles Times. En choisissant trois héros récurrents placés sur différents méandres du cours de la justice, le journaliste Jack McEvoy, l'avocat Mickey Haller et le policier Harry Bosch, il a traité tous les aspects que la presse française a fait semblant de découvrir ces dernières semaines : les arrestations spectaculaires, l'exposition des suspects, les arrangements avec le procureur, la procédure accusatoire, tout cela est apparu au fil des différentes enquêtes. Comme un fait exprès, il présente ici le cas d'un meurtrier présumé arrêté au moment où il s'apprête à prendre l'avion et à quitter le territoire américain. C'est Harry Bosch qui mène l'enquête sur la mort d'un épicier chinois, une enquête qui va le mener jusqu'à Hong Kong. Dans son dossier du moment consacré au polar, le magazine Lire trouve Michael Connelly fatigué, en petite forme. Il est vrai que l'épisode asiatique, au cours duquel Bosch traque les kidnappeurs de sa propre fille, est un peu paresseux. Mais l'ouverture de l'affaire et sa conclusion, soit les parties du livre qui se déroulent dans le cadre habituel de Los Angeles, sont à couper le souffle. Des fatigués comme ça, on en redemande.
 
 
MARDI.
           Epinal - Châtel-Nomexy (et retour). Comment se faire des amis de Dale Margerie dans son édition au Livre de poche (1990).
 
 
VENDREDI.
                 Lecture. Les Refusés n° 12 (Les Refusés, 2010; 126 p., 10 €).
                              "Revue de parti pris"
                              Cette revue nancéienne animée par Olivier Thirion et Evelyne Kuhn a déjà une longue histoire. Elle propose pour chaque numéro un dossier thématique assez lâche où peuvent s'incorporer des contributions exogènes, ce qui permet par exemple aux notules d'intégrer ce numéro consacré aux nourritures avec un extrait totalement hors sujet. Qu'importe, il faut bien qu'il y ait à boire et à manger dans un tel numéro. Hors dossier toujours, on remarquera la longue chronique de Claude Naumann qui raconte son expérience de juré d'assises, un exercice en vogue depuis au moins 1912 avec André Gide mais toujours intéressant. Pour ce qui est des nourritures, Gérard Streiff, Alban Lécuyer et Olivier Thirion livrent des textes bien enlevés et inventifs. Ces noms ne sont peut-être pas très connus mais il ne faut pas toujours se fier à la notoriété : la contribution de Jean-Bernard Pouy est éminemment décevante.
 
                               La promesse de l'aube (Romain Gary, Gallimard, 1960, rééd. in "Romain Gary - Emile Ajar, Légendes du je", Gallimard, coll. Quarto, édition établie et présentée par Mireille Sacotte; 1428 p., 29,90 €).
                               On a l'impression qu'après avoir longuement tâtonné, Romain Gary a enfin trouvé sa voie. Il n'est plus question ici de livrer quelques morceaux de sa vie, de ses expériences (Education européenne) ou de ses réflexions (Les racines du ciel) mais de se livrer tout entier par le biais de l'autobiographie. Une autobiographie sélective puisque ramenée aux rapports avec sa mère, des années d'enfance jusqu'à la mort de celle-ci. Le double sujet est riche, hors du commun : le parcours géographique, de Vilnius à Nice puis aux champs d'aviation de la France libre, la volonté de la mère de faire de son fils un Français d'exception, l'itinéraire de celui-ci répondant à la fois aux aspirations de sa mère et à ses propres convictions, tout concourt à nourrir un récit dense et digne d'intérêt. La figure maternelle, comme chez Albert Cohen, est magnifiée, sanctifiée mais il n'est qu'à regarder une ou deux photos de Mina Kacew pour se rendre compte que cette femme n'était pas n'importe qui. Le cheminement du récit est assez classique, suivant le triptyque anecdote ("un jour...") - anticipation ("bien plus tard, je devais me rendre compte que...") - réflexion née de l'expérience ("aujourd'hui encore il m'arrive de penser que..."). Pour ce qui est du ton, l'humour et la dérision envers soi-même viennent heureusement tempérer les excès de lyrisme. Mais ce qu'il y a de plus remarquable, lorsqu'on suit Romain Gary chronologiquement, c'est la façon dont, ayant trouvé son sujet, il trouve son mode d'écriture : la langue n'est plus heurtée comme dans les romans précédents, elle est fluide, élégante, sans boursouflures, comme si l'homme, ayant fait son devoir filial, était enfin en paix. On sait que cet état ne sera que provisoire...
 
 
SAMEDI.
             IPAD. 11 février 2010. 10 km. (12244 km).
 
500 habitants
 
   Pas de monument aux morts visible.
 
             L'Invent'Hair perd ses poils.
 
Pierrefeu-du-Var (Var), photo d'Edmond Varenne, 31 août 2007
 
             Poil et plume. "Depuis deux ans, Maman Chemin ne coupe plus les cheveux de Jeanne.

   - Tu es une jeune fille, maintenant. Tu as droit à un professionnel.

   Tous les mois, perchée sur le fauteuil surélevé d’un salon de coiffure, Jeanne ferme les yeux sous un peigne impersonnel, le même qui mastique le chignon des vieilles et la tignasse des adolescents. Des doigts sans griffes lui frôlent le cuir chevelu. Un parfum poivré l’enveloppe comme une brume. Elle sort avec des frisettes trop bien domptées, et des relents de laque qui lui donnent le vertige." (Damien Luce, Le chambrioleur)

 

 

Bon dimanche.

 
Notules dominicales de culture domestique n°493 - 19 juin 2011
 
 
MERCREDI.
                  Lecture. Totally Killer (Greg Olear, 2009 pour l'édition originale, Gallmeister, coll. Americana, 2011 pour la version française, traduit de l'américain par François Happe; 312 p., 22,90 €).
                               En voyant les éditions Gallmeister se lancer dans le polar, on pouvait s'attendre à un mélange de récit policier et de nature writing, la spécialité de la maison, quelque chose de ressemblant aux livres de C.J. Box. Eh bien pas du tout. Totally Killer est un polar urbain des plus classiques, sur un thème proche de celui du Couperet de Westlake : dans les périodes de récession économique, rien de tel que le meurtre pour libérer des emplois. Seulement, on ne devient pas l'égal de Westlake d'un seul coup, on s'en doute, et ce premier roman, après un début assez prometteur, s'enlise peu à peu dans une histoire de grand complot mondial peu convaincant. L'histoire se déroule en 1991 et l'auteur, c'est le deuxième volet de son projet apparemment, dresse un portrait complet de ce millésime tel qu'il a été vécu aux Etats-Unis : situation politique et économique bien sûr, mais aussi paroles de chansons, résultats de base-ball, publicités, stars éphémères du moment etc. C'est souvent drôle, ironique à souhait, mais sans la force poétique des romans de Stuart Kaminsky qui, dans le même genre, mettent en scène le détective Toby Peters dans le Hollywood des années de guerre.
 
                               Le Roi du bois (Pierre Michon, Verdier, 1996; 56 p., 50 F).
                                Cinq ans de silence se sont écoulés depuis Rimbaud le fils, le dernier gros coup de Pierre Michon. Avant le prochain qui suivra immédiatement (La Grande Beune), il ressort de ses carnets de travail où il dormait depuis 1975 ce Roi du bois, un récit de transition comme le fut Empereur d'Occident en 1989. C'est cependant à un autre livre "mineur", Maîtres et serviteurs, que fait penser celui-ci : Lorentino d'Arezzo, l'élève de Piero della Francesca, laisse la place à Gian Domenico Desiderii, au service de Claude Le Lorrain dans ses années italiennes. La peinture, toujours, dans le thème et dans l'écriture. Pierre Michon construit en effet son récit comme Le Lorrain construisait ses toiles, avec les paysages majestueux, les références à l'antique, les personnages réduits au rôle de figurants dans la majesté d'une lumière divine. Cela n'a l'air de rien, une cinquantaine de pages qui demandent à peine une demi-heure de lecture, mais c'est admirable de précision et de justesse. 
 
 
JEUDI.     
          Vie professionnelle. Le Monde du jour publie une enquête sur "la désaffection profonde qui touche le métier" d’enseignant. Pour Julien Goarant, directeur d’études à l’institut Opinionway, "la dégradation de l’image de l’enseignant n’a jamais été aussi forte. […] Les jeunes enseignants eux-mêmes estiment, pour près de 80 %, qu’ils entrent dans un métier plutôt dévalorisé dans la société." C’est dommage, c’est fâcheux. Et puis ce n’est pas faux. Pour ma part, je donnerais un bras plutôt que de voir une des filles mettre un orteil dans ce marigot. Souvenir ici, tout frais, de ce jeune contractuel ou vacataire, je ne sais pas la différence et puis c’est la même chair à canon, venu au collège plein d’illusions et de bonnes intentions pour un remplacement de deux semaines et qui s’enfuit les larmes aux yeux au bout de la première pour ne plus jamais revenir. Je crois qu’il court encore. Lorsqu’il aura repris son souffle il pourra mesurer sa chance d'avoir eu un aperçu de ce qui l’attendait avant de s’engager plus avant. Oui, le métier d’enseignant est dévalorisé mais je me demande souvent si ce n’est pas dû au fait qu’il a été longtemps survalorisé par ceux-là mêmes qui le pratiquaient. Parce que je m’en souviens moi des enseignants valorisés qui sévissaient dans mon enfance et mon adolescence. Je m’en souviens de leurs certitudes, de leurs jugements abrupts, de leur élitisme, de leur suffisance et de leur esprit de caste. Une caste nourrie à l’hérédité, à l’endogamie, au syndicalisme sectaire, aux mutuelles et aux coopératives réservées, aux pages de Télérama. Jusqu’à nos loisirs qu’ils entendaient régenter en trustant les bonnes places dans leurs saletés de colonies de vacances. Et à la fin de l’année, on leur offrait des cadeaux, bonnes poires. Souvenir ici, plus lointain mais j’en tremble encore de rage, de ce responsable des parents d’élèves marié à une institutrice, c’était la même clique, venant se féliciter auprès de mes parents de la mutation qu’avait obtenue son épouse vers un quartier plus favorisé où elle aurait "de plus gros cadeaux". Alors voilà, ils sont tombés, ils ont perdu de leur superbe, ces enseignants-là, et ce n'est pas moi qui vais les pleurer. De toute façon, il en reste assez pour que, dans une pharmacie que je connais, on tremble quand un client dégaine sa carte MGEN, source potentielle d’arguties sans fin. Ils sont tombés sous les coups de la droite, qui n’a jamais pu les piffer, sous l’effet de la démocratisation de l’enseignement qui leur a apporté une clientèle nouvelle et inconnue, et sous l’effet de la technologie qui a multiplié les accès au savoir dont ils se rêvaient les seuls détenteurs. Ceux qui leur ont succédé ne sont peut-être pas très bien considérés mais ça, ça dépend de l’importance qu’on accorde au regard des autres et de celle qu'on s'accorde à soi-même, deux données qui ne volent pas très haut pour ce qui me concerne. Peu ou pas valorisés, d’après ce que je vois autour de moi, ils font pour une grande majorité leur boulot sans la prétention de leurs devanciers et ce n’est pas rien. Et c'est tout ce qu'on leur demande.
 
 
VENDREDI.
                 Courriel. Une demande d'abonnement aux notules.
 
 
SAMEDI.
             Vie littéraire. C'est la plus belle journée de l'année, celle où je me rends à Jaligny-sur-Besbre pour le Prix René-Fallet. Cette année, c'est aussi l'occasion de rendre hommage à Ricet Barrier puisque c'est à Jaligny que je l'avais rencontré pour la première et dernière fois il y a tout juste dix ans. Ricet Barrier est mort le 21 mai dernier, dans une grande discrétion. Le Monde a attendu une semaine pour publier sa nécrologie et Martin Pénet lui a rendu hommage sur France Musique samedi dernier. Je ne sais pas s'il y avait encore beaucoup de monde qui connaissait ce chanteur mais je rends grâce à Jean-Louis Foulquier qui me le fit découvrir à la fin des années 1970 quand il officiait sur France Inter. Pour le prix de cette année, Agathe Fallet m'avait dit qu'elle ferait des pieds et des mains pour que Véronique Bizot obtienne le prix avec Mon couronnement et j'étais prêt à joindre mes extrémités aux siennes, tant ce roman était supérieur au reste de la sélection. Las, Véronique Bizot a été retirée de la liste in extremis, elle avait dépassé l'âge limite (le prix est attribué au premier roman d'un auteur âgé de moins de quarante ans, c'est la règle) et c'est Douna Loup qui a raflé la mise pour L'embrasure. Cela n'a pas gâché ma journée.
 
             L'Invent'Hair perd ses poils.
 
Aubenas (Ardèche), envoi d'Hervé Bertin, 13 janvier 2008
 
 
MARDI.
           En feuilletant Livres Hebdo. Raymond Poulain, Retrouver un ancêtre postier : où chercher ? quelles sources ? quelles méthodes ? aux éditions Archives et culture, 2011, 79 p., 10 €.
 
 
MERCREDI.
                  Lecture. Mémoires mortes (Body of Evidence, Patricia Cornwell, traduit de l'américain par Gilles Berton; rééd. in "Patricia Cornwell 1, Quatre romans", éditions du Masque, coll. Intégrales, 1998; 1216 p., s.p.m.).
                               C'est la deuxième enquête de Kay Scarpetta, médecin légiste de Richmond. Comme pour Postmortem le personnage mis en place par Patricia Cornwell est plus intéressant que l'affaire policière proprement dite. Celle-ci est longue, compliquée et néglige l'aspect qui aurait pu être le plus attachant, une sorte de guerre littéraire entre un jeune auteur et un aîné connu et reconnu. Heureusement donc, la construction du personnage central rachète cette faiblesse. Par les épreuves qu'elle traverse dans sa vie personnelle, par son pessimisme et son empathie pour les victimes, Kay Scarpetta emprunte bien des traits à Patricia Cornwell elle-même. C'est du moins ce que l'on retire des quelques pages de présentation que François Rivière lui consacre dans son introduction et qui donnent envie d'en savoir plus.  
                               Citation (pour le concours de la plus belle métaphore en carton) : "A l'entendre, on aurait dit que son frère était mort depuis des années. Elle en parlait avec une hostilité perceptible, comme si une margelle de reproche et de chagrin entourait le puits de son amour pour lui."
 
                  Vie merdicale. Visite pour Lucie à l'hôpital de Saint-Avold. La machine qui donne le taux d'hémoglobine glyquée met six minutes à livrer son résultat. Six minutes pendant lesquelles nous invoquons tous les saints du calendrier pour que le score soit inférieur au 8 fatidique.
 
 
                                        Gagné !
 
 
                  Lecture. Nous deux mon chien (François Caradec, Pierre Horay Editeur, coll. Littérature buissonnière, 1983; 80 p., 28 F.). 

                               "Les écrivains, ils me fatiguent. Sur les photos, ils reposent la tête sur le poing, ou deux doigts…Et ça c'est vraiment pour dire que leur tête est pleine et lourde, qu'il y en a plein dans le chou. Et ça, ça m'énerve. Et puis ils sont tous malheureux, ils écoutent tous Mozart, ils ont tous des chats. Il n'y en a pas un qui a un clébard, un perroquet…" Jean-Bernard Pouy, qui tenait ces propos dimanche dernier sur France Inter, a sans doute apprécié que son ancien complice des Papous dans la tête consacre un ouvrage à son chien. Les chiens littéraires sont extrêmement importants. Surtout pour les jeunes lecteurs. Comme beaucoup d'enfants, j'ai rêvé d'avoir un chien et comme beaucoup d'entre eux, je n'en ai jamais eu et je me suis consolé avec les chiens des livres, avec le Dagobert du Club des Cinq ou avec le Capi de Vitalis dans Sans famille. J'ai fini par avoir un chien imaginaire, il s'appelait Dick et je devais ressembler à la petite fille que François Caradec évoque dans son livre : "J'ai connu une petite fille qui vivait avec un chien imaginaire. Il la suivait partout. A table, il avait sa place au pied de sa chaise et elle lui donnait à manger les meilleurs morceaux. Dans la rue, elle faisait bien attention avant de traverser. Elle l'emmenait même à l'école : la maîtresse n'en a jamais rien su." Depuis, j'ai vieilli, ce sont les filles qui rêvent d'avoir un chien et moi qui ne veux pas. L'autre matin, j'ai failli tomber en me rendant à la salle de bains. J'ai peut-être marché sur la queue d'un chien imaginaire.

 

 

VENDREDI.

                 Le cabinet de curiosités du notulographe. Une nouvelle rubrique qui s'ouvre sur une trouvaille récente, extraite du carnet nécrologique de Vosges Matin en date du 15 juin 2011.

 
 

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SAMEDI.
             IPAD. 14 février 2010. 52 km. (12296 km).

 

1038 habitants

 

   Un beau coq doré chante, perché sur une sphère, au sommet d’une colonne de marbre gris. L’ensemble, orné d’une palme et d’une croix de guerre, est situé au centre d’un parterre entouré d’une grille, planté de buis et d’autres végétaux non identifiés. Des plaques de verre épais recouvrent un système d’éclairage. Trois mâts portent les drapeaux européen, français et lorrain. L’église, à côté, est fermée.

 

 

   Face :

 

A nos enfants

Morts pour la France

 1914-1918

 

Docelles

et

 Xamontarupt

reconnaissants

 

   A la base, d’autres inscriptions en partie masquées par la neige. Ne restent visibles que :

 

T.O.E.                                                                    A.F.N.

                                                                                                          JEANROY René

 

   Devant la stèle, deux plaques, une petite du Souvenir français et une grande (A nos morts 1939-1945) dont les derniers noms sont enfouis dans la neige.

 

   Gauche :

 

DOCELLES

 

ALEXANDRE Emile

ANDRE Jean

CERF Alphonse

COLIN Henri

COLIN René

DEMENGEON Auguste

DEMENGEON Henri

DEYNOUX Pierre

GUENAT Alphonse

GUENAT Edmond

GALMAND Paul

GASQUET Ernest

GRANDJEAN Louis

GUYOT Edmond

GUYOT Léon

HAUMONTE Henri

HOLLARD Edmond

HUGUENIN Georges

JANIN Paul

JOUANY Victor

 

   Droite :

 

KOMMER Maurice

LALLEMENT Joseph

LECOANET Jean

LEONARD Henri

MANGEL Maurice

MAROTEL Aimé

MICHEL Léon

MOREL Emile

MOULIN Paul

PARIZOT Marcel

REMY Paul Joseph

REMY Paul Gustave

THIEBAUT Henri

THIEBAUT Jean

 

XAMONTARUPT

 

CLAUDON Louis

DAMIERE Xavier

DEFRANOUX Jean Baptiste

JACQUEMIN Camille

PIERRAT Charles

 

   Je suis heureux de voir que les morts de Xamontarupt ont été associés à ceux de Docelles. Xamontarupt constitue presque la limité alphabétique de mon chantier et je ne sais si j’aurai le temps de l’atteindre. Les morts, les pauvres morts ont de grandes douleurs, ceux de Xamontarupt comme les autres, et j’aurais été peiné d’y ajouter celle qu'ils auraient à l'idée de ne pas figurer dans l’IPAD.

 

             L'Invent'Hair perd ses poils.

 

Paris, rue Montorgueil, photo de Cécile Carret, 18 janvier 2008

 

             Poil et plume. "Je l’abandonne près de la porte d’Orléans et rejoins la place de la Bastille en métro. Une fois à l’air libre, j’entre dans le premier salon de coiffure venu. Je me fais couper les cheveux très courts et décolorer ce qui reste en blond." (Erwan Larher, Qu’avez-vous fait de moi ?)

 

 

Bon dimanche.

 
Notules dominicales de culture domestique n°494 - 26 juin 2011
 
LUNDI.
          Lecture. N'ayez crainte ! (Trust Me, Peter Leonard, éd. Thomas Dunne, 2009 pour la version originale, l'Archipel, 2011 pour la traduction française, traduit de l'américain par Daniel Lemoine; 288 p., 19,95 €).
                       La couverture, selon l'usage en cours dans le monde du polar, porte les avis élogieux de Donald Westlake, R.J. Ellory, Michael Connelly et Jim Harrison. Il ne manque que celui d'Elmore Leonard, qui n'est autre que le père de ce nouveau venu. C'est facile à dire, mais on l'aurait presque deviné : les personnages de Peter, par leur rapport compulsif à l'argent, le mépris qu'ils nourrissent pour leurs semblables, leur cynisme et leur bêtise semblent tout droit sortis d'un roman d'Elmore. Seulement, le fiston n'a pas encore assimilé l'économie des moyens dont son géniteur fait preuve dans la conduite de ses récits. Trop de péripéties, trop de rebondissements, trop de personnages, on s'y perd mais on s'y perd joyeusement car le foutoir ainsi créé atteint une dimension parodique. S'il faut verser dans l'adage, on n'en est pas encore au "Tel père tel fils" mais "Bon sang ne saurait mentir", c'est déjà  un début.
 
          Courriel. Une demande d'abonnement aux notules.
 
 
MARDI.
           En feuilletant Livres Hebdo"Celui qui avait pastiché les best sellers de la rentrée avec Et si c'était niais en 2007 et L'élégance du maigrichon en 2009 s'attaque aux témoignages plus ou moins sordides qui font tourner le rayon documents en librairie. Pascal Fioretto signe le 25 août chez Chiflet & Cie Moi Pascal F. congelé, élevé par les loups, presque chauve… ou l'histoire d'un homme congelé quelques mois après sa naissance, rescapé d'un tsunami, recueilli par les loups puis placé dans une famille d'accueil homoparentale, qui a épousé une cadre persécutrice de France Télécom et souffre de Toc. L'éditeur prévoit ce bandeau : "Le livre le plus drôle depuis Les Misérables !"
 
 
JEUDI.
          Lecture. Histoires littéraires n° 40 (octobre-novembre-décembre 2009, Histoires littéraires et Du Lérot éditeurs; 256 p., 25 €).
                       Revue trimestrielle consacrée à la littérature des XIXe et XXe siècles.
                       Quatre articles constituent le dossier du trimestre, consacré à Robert Pinget. Je ne savais pas grand-chose de Robert Pinget. Qu'importe, je savais au moins que j'avais en rayon un livre sur lui, grâce auquel j'allais pouvoir parfaire ma connaissance. Las, une fois le livre en main, je m'aperçus qu'il s'agissait d'un ouvrage sur Maurice Pinguet. Pinget, Pinguet, Robert, Maurice, je n'étais pas tombé loin mais l'histoire littéraire commande d'être précis car les chausse-trapes y sont nombreuses : Paul Nizan n'est pas Paul Nizon, Graham Greene n'est pas Julien Green, sachons distinguer Romain Rolland de Jules Romains, Paul Valéry de Valery Larbaud. Ne mêlons pas Georges Perec et Georges Perros, ne confondons pas Lucien Descaves avec Roger Grenier. Méfions nous des strictes homonymies, des Claudel, des Clavel et des Duhamel (au fait, Joan Didion n'a jamais notulé de sa vie), et des familles à tiroirs comme celle des Mann, aussi piégeuse que celle des Bach en musique. A ces pièges communs, j'ajoute quelques travers strictement personnels qui m'ont conduit à longtemps prendre Martin Gray pour Romain Gary et à chercher Pennac là où se trouvait Picouly. Mais pour en revenir à la revue, la suite comporte moins de risques de confusion : on parle du cent-cinquantenaire de Madame Bovary, on publie des lettres inédites de Maupassant à la comtesse Potocka... Et puis ça recommence : un entretien avec Nelly Kaplan, que j'ai toujours confondue avec Leslie Kaplan. Lisez Histoires littéraires, c'est très bon pour la mémoire.
 
                      Voyages en Alaska (Travels in Alaska, John Muir, édition originale 1915, première traduction française Hoëbeke 1992, rééd. Payot & Rivages, coll. Petite Bibliothèque Payot/Voyageurs n° 235, 2009, traduit de l'américain par Jean-Yves Pratte et Michel Le Bris; 336 p., 9,50 €).
                      Chaque année, à la même époque, c'est la même histoire. L'arrivée de l'été me donne des ailes, l'envie de franchir les anciens parapets et de me pencher aux bords mystérieux du monde occidental. Voire au-delà. Alors je file chez Bougainville, Lévi-Strauss, Amundsen, Malinowski, Cook et consorts et je me promène. Je descends des fleuves plus ou moins impassibles, je joue de la machette dans des forêts inviolées, je glisse sur la banquise, je hisse le grand foc ou, comme ici avec John Muir, je parcours les fjords de Glacier Bay sur un petit canoë entre deux repas partagés avec les indiens Chilcat, à moins que ce ne soient des Thlinkit. Ensuite, invariablement, je me retrouve à pêcher des brèmes gluantes et imbouffables dans un étang de la Creuse. Et je suis le plus heureux des hommes.
 
 

VENDREDI.

                 Le cabinet de curiosités du notulographe.

 

 

 

SAMEDI.
             IPAD. 26 février 2010. 16 km. (12312 km).
 

1589 habitants

 

   Le monument est en haut d’une rue, après la Mairie et l’église. Il apparaît au sommet d’un agencement complexe de terre-pleins gazonnés, de plates-bandes arborées, de vasques, d’arbustes, de surfaces de graviers et de pavés, de marches et de plans inclinés. Un drapeau tricolore règne sur ce foutoir. C’est une stèle grise avec une croix en relief et une palme dorée. Les noms ont perdu leur dorure et sont difficilement lisibles, ce qui rend la transcription ci-dessous malaisée et peut-être fautive.

 

 

1914-1918

 

Dogneville

A ses morts glorieux

 

   Gauche :

 

BARTHOLY H.

BARTHOLY E.

BECK A.

BESSON L.

BERGUER A.

BOUSSARD A.

CEROUAND A.

DUMENIL G.

ERTLE C.

FERIEN M.

FINANCE L.

FLORENCE G.

FLORENCE R.

FRANOUX E.

GERMAIN A.

GERMAIN P.

GREMILLET M.

GUICHARD A.

GUICHARD C.

HOUILLON E.

JEUDY A.

 

1939-945

 

7 noms

 

   Droite :

 

LANOUX C.

LAURENT H.C.

LAURENT P.

LAURENT L.H.

LAURENT L.

LAURENT M.

LAURENT P.Y.

MAILLARD E.

MARCHAL M.

MATHIS P.

MELINE J.

PITOIS L.

POIROT R.

PREVOT A.

RAPHANEL P.

REMY J.

RICHARD C.

RICHARD E.

TELLONI J.

TIHAY J.

THOUVENOT O.

 

1939-1945

 

3 noms dont un abbé

 

   Les noms des Bartholy, Florence, Laurent (2 groupes de 2) et des Richard sont précédés d’une accolade soulignant leur appartenance à une même fratrie.

 

             L'Invent'Hair perd ses poils.

 

Paris XVIIIe, photo de Marc-Gabriel Malfant, 23 janvier 2008

 

             Poil et plume. "[…] quelques poupées Barbie aux cheveux rasés, un jour que nous avions décidé, Charlie et moi, de jouer à la coiffeuse (papa avait refusé de nous en racheter, sous prétexte que nous devions apprendre que les cheveux des poupées ne repoussent pas)." (Anne Berest, La fille de son père)

 

 

Bon dimanche.